Résolution sur la solidarité culturelle avec l’Ukraine et le mécanisme conjoint de réaction d’urgence pour la relance culturelle en Europe
📌 Votes principaux
📚 Sources
- ℹ️ Procédure 2022/2759(RSP)
- 📜 Textes et amendements
- 🗳 Votes
🗃️ Données
– Madame la Présidente, Madame la Commissaire, à Marioupol, l’Armée russe a détruit le mémorial dédié à l’Holodomor, l’extermination par la faim organisée par Staline entre 1932 et 1933 et qui fit des millions de morts. Ce n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres des atteintes que subit le patrimoine ukrainien depuis déjà 2014 et l’annexion de la Crimée.
Aux destructions s’ajoutent les pillages: dès février 2022, plus de 200 œuvres d’art ont été volées à Melitopol. Aux pillages s’ajoutent les meurtres: le chef d’orchestre Iouri Kerpatenko a été abattu dans sa propre maison à Kherson. La Russie ne respecte ni les sites classés, ni les conventions internationales, ni les vies humaines.
Face à la machine à détruire russe, l’Unesco est totalement impuissante. Hélas, depuis 2020, l’Unesco n’a pas davantage réussi à intervenir pour protéger le patrimoine arménien menacé de destruction par l’Azerbaïdjan au Nagorno-Karabakh. On aimerait voir plus de détermination, plus de courage et de sens de sa mission de la part de l’organisation onusienne, mais on attend encore.
Alors, si on ne peut pas sauver ce qui a été détruit, aidons les artistes ukrainiens, chez eux et en Europe. Nous le faisons et nous avons raison. Aidons aussi les artistes et les intellectuels russes qui ont fui leur pays parce qu’ils ne soutenaient pas la guerre. Ils ont besoin de nous et nous avons besoin d’eux pour qu’un jour, le plus proche possible, ils ramènent la Russie vers la lumière.
Le pouvoir russe n’a pas de limite dans l’horreur. Cette guerre est une guerre contre nos valeurs dans laquelle les artistes sont des cibles toutes désignées. Quand on veut assujettir un peuple, on efface son histoire, son patrimoine, sa mémoire, sa culture, sa liberté d’expression. L’histoire nous le rappelle cruellement. Depuis le début du conflit, près de 200 sites culturels ont été détruits ou endommagés. On peut citer le centre historique de Kyiv, le centre commémoratif de l’Holocauste de Babi Yar, et rappelons-nous du théâtre de Marioupol, bombardé alors qu’il servait de refuge à des milliers d’Ukrainiens.
Aujourd’hui, il faut empêcher les destructions, les pillages. Il faut lutter contre la désinformation. Il faut donner les moyens aux artistes ukrainiens de s’exprimer, ce qui est une façon de résister. Nous les soutenons déjà et nous devons faire plus. C’est l’appel que nous lançons, aujourd’hui, au Parlement européen. Il y a urgence.
En 2020, nous votions une résolution appelant à sauver les secteurs culturels et créatifs de l’Union en période de pandémie; nous allons nous répéter. Il faut continuer à aider les artistes ukrainiens, oui, mais en augmentant significativement les moyens. Plutôt que de baisser de 90 millions d’euros le budget d’Europe créative, comme c’est prévu pour 2023, augmentons-le, sanctuarisons-le! Cette coupe budgétaire est inacceptable dans les temps que nous vivons. Et oui, Madame la Commissaire, nous avons besoin de nouveaux instruments. Ce que nous demandons, c’est un mécanisme d’urgence spécifique dédié aux industries culturelles qui sont les premières à souffrir dans tous les temps de crise que nous vivons. Investissons dans la culture, nos démocraties ne s’en porteront que mieux.
– Madame la Présidente, Madame la Commissaire, chers collègues, je ne cesserai de le répéter, la culture est essentielle pour tous les peuples. Elle porte des valeurs, un héritage, un patrimoine, des richesses, des identités. Il est donc primordial que l’Union européenne préserve et soutienne la culture, en tout temps et partout, et particulièrement en temps de guerre. Le secteur culturel est toujours l’un des plus touchés par les conflits ou les régimes autoritaires.
Cette résolution aborde deux points essentiels. La guerre menée par la Russie en Ukraine est aussi une guerre culturelle qui tente d’éradiquer l’identité et la culture ukrainiennes. Nous devons apporter un soutien massif à la culture et aux acteurs culturels en Ukraine et préserver le patrimoine. Mais nous devons aussi veiller à ce que ce soutien ne se fasse pas au détriment des secteurs culturels européens, dont la situation a empiré avec le COVID.
Pour cela, il est essentiel que l’Union apporte une aide ciblée à tous les acteurs de la culture, mais aussi, Madame la Commissaire, un mécanisme européen d’intervention d’urgence et de relance pour soutenir les écosystèmes culturels et créatifs, pour qu’ils ne soient plus victimes de toutes les crises que nous traversons. C’est notre devoir.