🇪🇺 Députés européens
🇫🇷 Députés français🗳 Voir le vote
🇪🇺 Députés européens
🇫🇷 Députés français🗳 Voir le vote
– Monsieur le Président, Madame la Commissaire, il y a un an et demi, la Commission et le Conseil nous présentaient comme un succès l'accord d'investissement avec la Chine alors qu'il y avait déjà des persécutions et il y avait la répression à Hong-Kong. Il y a un an presque jour pour jour, ce parlement bloquait la discussion sur l'accord d'investissement avec la Chine et contraignait la Commission à intégrer la question du travail forcé dans le débat européen.
C'est une bonne nouvelle et, aujourd'hui, nous en sommes effectivement à la fois à renforcer la responsabilité des entreprises, mais aussi à réfléchir à un instrument beaucoup plus puissant et beaucoup plus systématique sur le travail forcé, qui touche 25 millions de travailleurs, et particulièrement de travailleuses, dans le monde. C'est tant mieux si la politique commerciale européenne commence à évoluer.
Mais, dans le Xinjiang, le travail forcé, ce n'est pas simplement de l'esclavage moderne, c'est un instrument qui participe à une stratégie génocidaire. Et donc nous devons immédiatement et très rapidement, au niveau européen, imposer un embargo sur les importations du Xinjiang, où tous les secteurs sont concernés par le travail forcé. Un embargo sur les importations du Xinjiang!
– Monsieur le Président, 25 millions de personnes sont forcées de travailler dans le monde, dont 4 millions d’enfants. Ils produisent nos vêtements, notre nourriture, nos téléphones portables, et la plupart du temps sans même qu’on le sache. De nombreuses entreprises comme Nestlé, Zara ou Huawei s’enrichissent sur cet esclavage moderne pour nourrir leur soif de profit.
Il y a un an, la Présidente de la Commission européenne annonçait en grande pompe l’interdiction d’importer, sur le marché européen, des produits issus du travail forcé. Pourtant, le commissaire chargé du commerce traîne la patte depuis. On nous dit que cette mesure aurait un impact trop négatif sur le commerce européen, et qu’il faudrait peut-être l’assouplir…
Alors qui croire? Qui croire, à la Commission? La Commission des grands discours ou celle des grands renoncements? La Commission qui dénonce le travail forcé des Ouïghours en Chine ou celle qui conclut avec ce pays un accord commercial? Celle qui promettait une loi ambitieuse sur le devoir de vigilance ou celle qui nous propose une directive au rabais?
Contrairement à vous, notre position est invariable: nous défendrons toujours les droits humains avant les profits des entreprises. Alors n’attendez plus: nous voulons nous habiller, nous alimenter ou téléphoner sans être complices du travail forcé.
Quand vous achetez une chemise Zara ou une paire de Nike, vous pouvez vous retrouver lié sans le savoir, sans le vouloir, au système concentrationnaire chinois. Pourquoi? Parce qu'il n'existe en Europe aucune loi, aucun instrument pour empêcher l'importation des produits du travail forcé. Parce que notre marché est ouvert aux quatre vents et que rien ne vient contrarier l'avidité de multinationales prêtes à tout pour dégager leurs marges faramineuses et verser leurs dividendes délirants.
Le moment est venu de tourner pour de bon la page de l'irresponsabilité et de l'impunité. En ce jour, nous, représentants des citoyennes et des citoyens d'Europe, nous envoyons un message clair aux exploiteurs les plus cupides. Vous allez désormais devoir respecter des règles. Ce vote est le résultat de plusieurs années de mobilisation. Il a été rendu possible par le courage de centaines de milliers de citoyennes et citoyens européens.
L'exigence que ces jeunes de France et d'ailleurs ont formulé à notre endroit est simple, basique: permettez-nous de nous habiller, de nous déplacer, de téléphoner sans être complices de crimes. Osez, osez affronter les lobbies et les tyrans. Soyez enfin dignes de la mission que nous vous avons confiée. Notre résolution, si largement soutenue, dessine un instrument simple et efficace pour bannir les produits de l'esclavage du marché européen. Un jour prochain, les douaniers du Havre ou de Rotterdam saisiront donc des cargos venus de Chine ou d'ailleurs et bloqueront les produits du travail forcé avant qu'ils n'arrivent dans nos magasins et dans nos armoires.
Jusqu'à ce jour, nous ne lâcherons rien. Nous serons dignes de notre mission. Et enfin, enfin, nous oserons affronter la cupidité de ces multinationales qui pensent pouvoir jouir sans fin d'un monde sans règles.