Résolution sur l’établissement d’un espace européen de l’éducation d’ici à 2025 – microcertifications, comptes de formation individuels et apprentissage pour un environnement durable
📌 Votes principaux
📚 Sources
- ℹ️ Procédure 2022/2568(RSP)
- 📜 Textes et amendements
- 🗳 Votes
🗃️ Données
– Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, entendez-vous cette petite musique qui monte? À l’instar des propositions de la conférence sur l’avenir de l’Europe, qui en appellent clairement à une politique éducative européenne, on sent que la pression sur les États s’accentue pour les faire renoncer à leur souveraineté. Cette résolution sur l’espace européen de l’éducation va totalement dans ce sens en franchissant plusieurs lignes rouges.
Tout d’abord, la reconnaissance des microcertifications ne figure pas dans les recommandations du Conseil, comme il est mentionné dans le texte. Votre européisme invasif va donc bien au-delà des demandes des États.
Ensuite, le texte fait référence à des rapports qui ne sont pas encore adoptés, comme celui sur le nouveau Bauhaus. Nous n’acceptons pas cette politique du fait accompli. Pour nous, les choses sont claires: nous refusons de placer le destin des Français dans les mains d’une Europe responsable du saccage social, de la désindustrialisation, mais qui reste persuadée de transformer en or tout ce qu’elle touche. Qualifications, formations et certifications doivent rester dans le giron des nations. Avec nous, l’éducation devra rester nationale.
– Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, les derniers chiffres sur le taux de chômage en France viennent d’être publiés. La reprise économique post-COVID a permis de faire diminuer ce taux, mais il reste évidemment préoccupant, notamment chez les moins de 25 ans, puisqu’il s’élève à 14,9 % en moyenne dans l’Union européenne. Le marché du travail européen a changé et doit répondre à plusieurs enjeux majeurs. Je pense notamment à l’impact de la mondialisation, à la rapidité des évolutions technologiques, à l’accélération de la transition verte et aux pénuries de forces vives dans certains secteurs.
La création d’un espace européen de l’éducation va dans ce sens et doit permettre de réaligner les compétences des travailleurs avec celles recherchées par les employeurs. Dans ce cadre, le développement de nouvelles opportunités d’apprentissage tout au long de la vie, comme le sont d’ailleurs les comptes de formation individuelle et les microcertifications, me semble essentiel. Ces opportunités rendent la formation plus accessible, plus flexible et plus inclusive. Elles permettent d’acquérir à n’importe quel moment de son parcours des compétences utiles et par là même de renforcer son employabilité. Mais tout ceci ne sera efficace qu’en éliminant les obstacles en matière de reconnaissance des qualifications.
– Monsieur le Président, si l’éducation pour les personnes handicapées ou dans des zones éloignées est un but noble, il est dommage de constater qu’une fois de plus le Parlement européen s’entête à mettre de l’idéologie là où le bon sens aurait pu suffire. Ce projet de normes européennes autour des microcertifications ou des reconnaissances automatiques des diplômes a un but avoué. L’objectif poursuivi ici est encore une atteinte à la souveraineté des États membres. Il tente de créer un sentiment aigu de la citoyenneté européenne et de s’immiscer dans ce qui est encore une compétence nationale.
Française, je ne peux qu’être méfiante vis-à-vis de ce texte. En effet, par son excellence académique, la France s’est toujours illustrée à travers le monde grâce à sa culture et ses traditions d’enseignement. Évidemment, il n’est pas question d’établir des hiérarchies dans la qualité de l’enseignement. Mais l’Union européenne n’a pas à brader les fleurons nationaux pour satisfaire une volonté fédéraliste. Protégeons nos spécialités nationales, protégeons l’enseignement.
Je voudrais insister sur l’utilisation des microcrédits, des microcertifications, la reconnaissance des compétences psychosociales acquises lors d’une expérience de mobilité européenne ou d’un engagement solidaire. Je peux témoigner que nos jeunes reviennent absolument métamorphosés de ces expériences en termes de confiance en soi, de capacité d’écoute et de communication, de sortie de leur zone de confiance, de capacité d’adaptation et d’innovation, et de travail en équipe.
Il faut créer un référentiel de compétences psychosociales à l’échelle européenne qui se traduise par une meilleure employabilité auprès des entreprises comme des administrations. Cela aura le double avantage de répondre à une attente forte de notre jeunesse et de servir de levier majeur pour embarquer dans Erasmus, le corps européen de solidarité, ou ALMA, les jeunes les plus éloignés de l’Europe. Nous avons besoin d’un big bang des compétences non techniques. Avec de la volonté, c’est désormais possible grâce aux microcertifications. Êtes-vous prêts à lancer ce chantier? Dans quel délai?