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– Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, plus aucun progrès; depuis 2020, le monde ne fait quasiment plus aucun progrès pour atteindre les objectifs de développement durable que la communauté internationale s’est fixés pour 2030. Non, le défi climatique et environnemental n’est pas résolu, et nous en sommes loin. L’indice ODD qui mesure la trajectoire des pays vers la réalisation des 17 objectifs de développement durable baisse, et ce pour la deuxième année consécutive.
Nous pourrions nous dire que c’est la crise sanitaire, puis la guerre en Ukraine qui en sont responsables, mais ce n’est pas le cas. Depuis 2016, le nombre de personnes souffrant de la faim augmente. Et l’objectif nº 2 de supprimer la faim dans le monde d’ici 2030 s’éloigne à grands pas. La vérité, c’est que nous sommes en fait au cœur d’une métacrise du système capitaliste: crise sanitaire, économique, sociale, environnementale, crise géopolitique et, demain, crise financière. Et nos politiques actuelles sont en conflit permanent avec nos limites planétaires et humaines. C’est ça qui doit changer.
Les solutions, nous les connaissons. Chaque semaine, de nouveaux rapports d’experts s’ajoutent aux anciens. Ce qu’il nous manque, c’est la volonté politique de tourner la page du néolibéralisme. Ici, au Parlement européen, nous avons clairement un rôle à jouer. Le pacte vert comme l’autonomie stratégique européenne sont des opportunités majeures pour renouer avec l’État-providence et retrouver des politiques efficaces. L’Union européenne a la responsabilité d’inscrire son projet dans la trajectoire des 17 ODD et nous devons faire tout ce qu’il est possible de faire pour amener le reste de la planète dans cette direction. Nous devons impulser et accompagner le changement.
Par exemple, la semaine dernière, les membres de l’OMC sont parvenus à un accord ambitieux pour atteindre l’ODD 14.6 sur l’interdiction des subventions à la pêche néfastes pour l’environnement marin. C’est historique. L’accord permet d’interdire les subventions aux pêches illégales, mais aussi toutes les subventions aux navires qui ciblent des espèces surpêchées. Sauf que l’accord n’interdit pas les subventions encourageant la capacité de pêche et ne dit rien sur les subventions aux carburants. Ce sont donc près de 18 milliards d’euros, au niveau mondial, d’argent public dont une partie entraîne la surpêche et laisse des millions de personnes dans la faim et la pauvreté. Il faudra aller encore plus loin.
Alors que les crises humanitaires et le changement climatique s’accélèrent, les politiques européennes et mondiales sont encore loin d’être alignées sur les ODD. La politique agricole commune est-elle compatible avec les accords de Paris? Non. Les politiques commerciales sont-elles compatibles avec la sécurité alimentaire? Non. Atteindre les ODD, c’est avant tout agir concrètement pour transformer nos politiques.
Face à la menace climatique, les objectifs de développement durable sont à la fois une boussole et un thermomètre. La boussole dit le cap, et nous savons tous les efforts massifs que nous devons faire rapidement maintenant pour changer nos modes de vie. Le thermomètre dit où nous en sommes, et c’est un signal d’alarme, parce que la réalité est là: le dérèglement climatique menace tout le monde. C’est pour chacun une urgence et il faut agir vite. Il faut protéger tous les Européens, bien évidemment, et en particulier les plus éloignés, sur les îles, dans les outre-mers.
Mais je veux aussi redire notre responsabilité d’accompagner nos partenaires dans les pays en développement, parce que la solidarité de l’Europe face au dérèglement climatique, cette solidarité ne peut absolument pas s’arrêter aux seules limites géographiques du continent européen.