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Christophe GRUDLER | Mouvement Démocrate
En effet, imaginez que vous soyez un soldat ukrainien en ce moment, sur le terrain, dans le froid de l’hiver, et là, subitement, votre connexion internet disparaît. Plus moyen de communiquer avec vos camarades ou votre commandement pour partager les informations que vous avez recueillies: quelqu’un a coupé votre connexion. Ce quelqu’un, aujourd’hui, c’est Elon Musk, car la connexion internet était fournie par les satellites de son entreprise privée Starlink. Ce scénario est celui qui se passe en ce moment même en Ukraine, et c’est totalement inadmissible. Nous n’avons pas à dépendre des humeurs d’un seul homme. C’est notamment pour cela qu’il est indispensable que l’Union européenne se dote de ces nouveaux satellites européens IRIS.
Alors, en quoi vont-ils consister? En quelques centaines de satellites, qui vont servir à mieux communiquer. Tout d’abord pour les usages gouvernementaux, que cela soit pour nos ambassades, nos pompiers, nos services de secours, nos militaires: tous ont besoin de communications sécurisées pour mener à bien leur tâche, y compris par la cryptographie quantique et post-quantique, et cela dans le monde entier, de la mer Baltique aux Antilles.
Deuxièmement, ces satellites serviront directement les citoyens européens. En effet, des services commerciaux seront proposés, permettant de connecter par Internet nos concitoyens qui habitent dans des zones isolées ou reculées. En tant que rapporteur pour le Parlement européen, je suis fier des avancées que nous avons obtenues. Je veux ici chaleureusement remercier mes collègues eurodéputés pour ce travail transpartisan mené en bonne intelligence. Sous notre impulsion, ces satellites européens IRIS seront un exemple mondial en matière de durabilité spatiale et environnementale. Concrètement, ces satellites devront être conçus pour émettre le moins de CO2 possible lors de leur fabrication et de leur lancement. Ils devront prévoir des systèmes pour éviter la production de débris et éviter ainsi de transformer l’espace en une déchetterie géante.
Enfin, le fait que ces satellites soient répartis sur plusieurs orbites, à différentes altitudes, permettra de réduire leur nombre. Ici, les satellites IRIS seront un contre-modèle par rapport aux mégaconstellations, constituées de milliers de satellites. Il est possible de faire différemment sans encombrer l’espace, et l’Europe le prouvera. Maintenant, il est temps de mettre en œuvre rapidement ce programme. Pour cela, j’attends une compétition saine et raisonnée entre les acteurs industriels européens. Il est de leur responsabilité de travailler en bonne intelligence pour proposer une mise en œuvre rapide et innovante de ces satellites.
Pour conclure, je me réjouis que ces nouveaux satellites européens IRIS renforcent considérablement l’autonomie stratégique de l’Union européenne, avec une vraie impulsion pour notre base industrielle spatiale européenne et des critères stricts d’admissibilité pour garantir la sécurité de ce programme. Après Galileo, le GPS européen, Copernicus, nos yeux sur la Terre, nous avons besoin des satellites IRIS pour permettre à l’Europe de communiquer de manière sécurisée en tout point du globe.
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Christophe GRUDLER | Mouvement Démocrate
Alors, pour répondre un peu aux questions «catch-the-eye» et aux interventions, je suis aussi favorable à des prix abordables pour cet accès à l’internet que nous aurons demain, sans oublier cependant que nous sommes sur un marché libre et qu’imposer des prix fixes, ce n’est pas possible.
Je suis par contre heureux de voir que le système IRIS permettra de fournir le service universel dans les endroits les plus reculés, les plus difficiles d’accès, contribuant ainsi à la démocratisation du système pour le plus grand nombre.
Alors, pour finir, en conclusion de ces débats, chers collègues, je souhaiterais faire un vœu: que le programme IRIS soit un tournant pour une politique spatiale européenne plus ambitieuse, plus unie et plus cohérente.
Alors, une politique spatiale plus ambitieuse, pour moi, c’est notamment davantage de budget européen pour l’espace. L’Europe, c’est un budget cinq fois moins important pour l’espace que celui de nos amis américains. La prochaine révision du cadre financier pluriannuel doit, à ce titre, être l’occasion de mettre plus de moyens dans notre politique spatiale européenne.
Ensuite, une politique spatiale européenne plus unie, cela veut dire moins de compétition stérile entre les pays européens et davantage de collaboration, car c’est ensemble que nous réussirons.
Enfin, une politique spatiale européenne plus cohérente, cela veut dire avoir une stratégie européenne plus identifiée et des compétences peut-être moins éclatées entre les différents acteurs: l’EUSPA, l’ESA, la Commission, les agences nationales.
L’espace est un domaine stratégique dont nous ne parlons sans doute pas assez dans cet hémicycle. Il est temps que cela change.
Je voulais, pour terminer, répondre au collègue qui a fait une intervention «catch-the-eye»