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Aujourd’hui, en Haïti, on ne vit pas, on survit, quand on n’est pas confronté à l’insécurité que font régner les gangs armés. Il y a quelques semaines, ces gangs ont enlevé des religieux qui ont consacré leur vie à venir en aide au peuple haïtien. Ces gangs ont partie liée avec une partie de la classe politique haïtienne, une classe politique qui a tragiquement failli.
Aujourd’hui, le président haïtien gouverne par décrets, prépare un référendum que nous ne pouvons pas soutenir, et annonce des élections sans avoir réuni les conditions pour qu’elles puissent se tenir sereinement. Tant que les conditions ne sont pas réunies, l’Union européenne ne peut apporter son soutien, ni envoyer des observateurs pour des scrutins aussi incertains.
Mais la faillite d’Haïti est une faillite collective. Personne – ni les ONG, ni les bailleurs, ni l’Union européenne – ne peut s’enorgueillir de la situation de crise totale, politique, économique, sociale et sécuritaire que connaît le pays et qui rejaillit sur la région, en particulier sur nos Outre-mer. Avant qu’Haïti ne s’effondre pour de bon, c’est à nous tous de nous ressaisir.
Que pouvons-nous faire pour faire respecter l’état de droit, la démocratie et le respect des droits de l’homme en Haïti? Nous ne pouvons pas rester sans rien faire face à cette situation. En restant trop discrète face au maintien au pouvoir du président Moïse, la communauté internationale se fait complice d’un pouvoir autoritaire qui génère pauvreté, violence des gangs et insécurité alimentaire.
Nous, Européens, avons notre part de responsabilité et n’ignorons pas les appels du peuple haïtien. Prenons explicitement nos distances avec Jovenel Moïse et son gouvernement. Ne travaillons qu’avec les organisations qui appellent à une stabilisation démocratique du pays.
Cette résolution est significative étant donné l’échéance imminente du référendum constitutionnel du 27 juin. Nous condamnons l’organisation du référendum constitutionnel voulu par le président Moïse, qui lui permettrait de concentrer plus de pouvoirs entre ses mains. Les élections doivent être libres, crédibles et transparentes. Nous demandons à l’Union européenne et à la communauté internationale de soutenir Haïti dans cette entreprise. Il n’y a plus de temps à perdre. Aussi complexe que soit la situation, c’est notre devoir de nous mettre à écouter ce que disent les Haïtiens et les Haïtiennes et agir sans plus attendre.
Vu de Bruxelles, Haïti peut paraître loin; mais en réalité, dans cette région du monde, plusieurs territoires européens français sont en proximité directe avec le drame haïtien des Caraïbes, jusqu’en Guyane française. Partout, toujours, nous avons fait la démonstration de notre solidarité et nous savons que les urgences d’aujourd’hui exigent cohérence et efficacité.
Alors oui, il faut vérifier si les aides européennes à Haïti contribuent réellement à lutter contre la souffrance du peuple haïtien. Nous avons des doutes et ils sont légitimes; mais nous devons aussi mesurer les impacts de cette crise violente. En ce moment même, aux frontières de la Guyane française, plusieurs centaines de Haïtiens sont là et réclament l’asile. Nous ne pouvons pas laisser ce territoire européen seul face au drame haïtien. Le gouvernement français intervient; l’Europe doit aussi intervenir.