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La centrale d’Ostrovets doit respecter les meilleurs critères de sécurité, comme toutes les centrales nucléaires. Elle le doit aussi dans la mesure où les partisans de l’énergie nucléaire, c’est-à-dire de l’indépendance énergétique, font aujourd’hui face à de pressants lobbies qui voudraient l’abattre.
Que disons-nous dans cette résolution? Cette résolution est d’abord une charge politique contre Minsk et Rusatom, alors même que les régulateurs du groupe de sûreté nucléaire sont actuellement sur place et que les informations que vous avez transmises, Madame la Commissaire, montrent que, finalement, le processus de contrôle se déroule normalement et que le plus prudent est d’en attendre les conclusions.
Certes, nous comprenons que les habitants de Vilnius demandent les meilleures garanties. Tous les habitants feraient de même et ils ont raison. Mais je mets en garde nos partenaires européens: la Pologne veut construire six centrales nucléaires d’ici à 2043, et je ne voudrais pas que cette résolution remette en cause le principe de cette marche vers l’indépendance énergétique d’un certain nombre de nos États.
Cette résolution, à mon avis, est donc prématurée et contraire aux intérêts de nombreux États, quand on regarde leur mix énergétique. Elle dissimule aussi, soyons clairs, une volonté de remettre en cause le choix de l’énergie nucléaire par ce pays, et je rappelle que si Rusatom a construit cette centrale, c’est parce que les producteurs européens ont refusé d’intervenir.
D’ailleurs, si le souci réel de notre institution est d’imposer des conditions démocratiques à l’établissement du mix énergétique européen, il faut être complet. Le gaz algérien est-il produit par un pays démocratique? Celui que nous importons en provenance du Qatar l’est-il davantage? Les monarchies du Golfe qui nous vendent leur pétrole sont-elles des démocraties? Le gaz de schiste américain respecte-t-il les engagements du fameux pacte vert?
Oui, cette centrale doit respecter tous les critères de sécurité. Avant de nous prononcer, attendons les conclusions des inspecteurs qui sont sur place et, après, entamons une discussion constructive avec ce gouvernement.
Mais cette situation particulière nous invite à réfléchir de manière plus globale. Le parc nucléaire européen est vieux, et nous devons rapidement prendre une décision sur son devenir. En effet, l’immense majorité des réacteurs en exploitation dans l’Union européenne ont été initialement conçus pour une durée de vie allant de 35 à 40 ans, or la moyenne d’âge du parc nucléaire européen s’élève aujourd’hui à 37 ans. Cette durée de vie pourrait être portée à 60 ans, au prix de considérables plans d’investissement et de rénovation, à l’image du grand carénage français dont le coût est estimé entre 50 et plus de 100 milliards d’euros.
Ce prolongement coûteux se heurtera in fine et à une contrainte technique indépassable, l’altération irréversible de la qualité de l’acier de la cuve. Ainsi un prolongement ne fera que retarder l’échéance, mais le jeu en vaut-il vraiment la chandelle? Sommes-nous prêts à prendre le risque d’un prolongement et à nous exposer aux défaillances du vieillissement et de l’obsolescence des équipements? Ce serait une grave erreur.
Une autre question se pose à nous: allons-nous construire de nouveaux réacteurs nucléaires pour remplacer ceux qui devront fermer et tourner la page des énergies fossiles? Cela prendrait de très nombreuses années et entraînerait des coûts tout aussi considérables.
En France, nous nous entêtons à vouloir construire un nouveau réacteur qui a déjà dix ans de retard et dont les coûts ont été multipliés par trois. Avons-nous le temps et l’argent pour nous lancer dans de telles fuites en avant? Je ne le crois pas.
Les faits sont clairs: premièrement, le nucléaire n’est pas la meilleure technologie pour faire face au changement climatique. Deuxièmement, le nucléaire n’est pas adapté aux conséquences de ce même changement climatique puisque les systèmes de refroidissement des réacteurs montrent leurs limites lors des épisodes caniculaires. Enfin, l’énergie nucléaire entrave le déploiement des alternatives renouvelables dès lors qu’elle menace d’immobiliser des investissements colossaux.
Dire cela, ce n’est pas faire insulte aux salariés, techniciens et ingénieurs du secteur. Je tiens à rappeler leur haut niveau de savoir-faire et leur dévouement au service de l’intérêt général. Rien ne pourra se faire sans eux, il nous faut donc planifier le démantèlement des centrales nucléaires en constituant pour cela une véritable filière pourvoyeuse d’emplois qualifiés, valorisant les savoir-faire déjà existants. Chers collègues, une Europe 100 % renouvelable est possible, planifions-la dès maintenant.