🇪🇺 Députés européens
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Aujourd'hui, nous sommes obligés de faire avec un accord mal fichu, dont certaines clauses laissées dans le flou ont tout simplement permis aux autorités britanniques de bloquer beaucoup de navires français à leur frontière maritime. Alors que nous avions les armes juridiques, notamment douanières, pour les défendre, la Commission a préféré laisser nos pêcheurs se débrouiller seuls face à la Royal Navy. C'est ça, la réalité.
À ce jour, obtenir les licences encore manquantes reste possible, ça a été dit. Mais négocier l'après-2026 – véritable angle mort de l'accord – est impératif pour sauver nos pêcheurs et pour notre souveraineté alimentaire. On ne peut pas, on ne peut plus, on ne doit pas s'en remettre à nouveau intégralement et exclusivement à la Commission.
Il appartient aux États membres concernés de s'organiser ensemble pour obtenir des Britanniques des quotas équitables, raisonnables, sur une base pluriannuelle et de refuser toute commercialisation des licences. Parce que oui, le Royaume-Uni défend ses intérêts – et il a raison. Mais nos pêcheurs attendaient de leurs responsables politiques qu'ils fassent de même. Ça n'a pas été le cas.
Au moment où notre sécurité alimentaire est en danger, garantir à nos pêcheurs la pérennité de leur métier, de leurs filières, de leur activité est un sujet majeur pour notre autonomie stratégique. De cela, nous devons tous prendre la mesure.
– Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, le rapport que nous allons voter remet enfin l'accent sur les conséquences catastrophiques que le Brexit aura eues pour les pêcheurs européens: les conséquences de l’application de l’accord, puisque nos pêcheurs vont perdre 25 % de leur activité en valeur dans les eaux britanniques – aucun secteur économique n'aura été touché à ce point –, mais aussi les conséquences de la non-mise en application de l'accord par nos partenaires britanniques, qui ont usé de toute la mauvaise foi possible au cours des mois écoulés, par exemple pour ne pas délivrer des licences de pêche à des bateaux qui en avaient pourtant le droit au titre de l'accord qui avait été signé.
Ceci doit nous permettre d'ouvrir les yeux sur le bras de fer qui est aujourd'hui devant nous, pour garantir que nous saurons faire respecter cet accord à l'issue de la période de transition qui s'achèvera en 2026. Nous voulons entretenir avec les Britanniques une coopération loyale, mais cette coopération doit être de bonne foi et doit se faire conformément aux engagements que chacune des parties a signés.
Je voudrais dire que le travail que nous avons fait ici pour défendre les pêcheurs européens, les pêcheurs de nos pays, qui sont aujourd'hui touchés de plein fouet non seulement par les conséquences du Brexit, mais aussi par la crise déclenchée par l'augmentation exponentielle des prix de l'énergie, trouve tout son sens dans le moment que nous vivons, car les pêcheurs constituent l'un des appuis essentiels à notre alimentation. Dans un moment où nous vivons la réalité de la précarité alimentaire en Europe et dans le monde, nous devons leur redire notre confiance et notre reconnaissance pour le travail qu'ils font.
Loin de tous ceux qui voudraient les attaquer, parfois même les criminaliser, nous savons que c'est à la pêche européenne que nous devons une partie de notre capacité de résistance face aux turbulences de ce monde. Nous aurons besoin d'eux pour éviter cette précarité alimentaire mondiale qui menace de toucher l'Europe et les pays qui l'entourent.
Pour y faire face, l’une des clés, c’est la durabilité. Le Brexit ne doit surtout pas servir de prétexte pour retarder les actions nécessaires pour aller vers une pêche plus durable. Seule une gestion durable des stocks permettra d’assurer la viabilité des activités de pêche, sur le long terme comme sur le moyen terme. La bonne gestion des stocks de haddock a par exemple permis une augmentation des TAC, laquelle compense entièrement la baisse liée au Brexit.
Au contraire, une gestion non durable entraînerait des baisses des captures et ne ferait qu’aggraver la situation des pêcheurs. On l’a vu, en France, la pêche artisanale et les navires de moins de douze mètres ont été particulièrement touchés par l’imbroglio et par l’incertitude liés à l’attribution des licences de pêche.
Il y a aujourd’hui une grande incertitude sur l’après-2026, car l’accès aux eaux britanniques pour les navires européens ne sera plus garanti après cette date. Les pêcheurs ont déjà beaucoup souffert des conséquences du Brexit. Nous comptons sur la Commission pour qu’elle lance dès maintenant les négociations pour un accord pluriannuel qui évitera qu’ils ne souffrent davantage. Maintenons le cap vers une pêche plus durable.
– Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire Sinkevičius, aujourd'hui, je veux vous parler de Jérôme, de Sophie et d'Estelle, trois citoyens normands formidablement engagés dans la filière pêche, trois citoyens européens directement concernés par le rapport que nous votons.
Jérôme est artisan pêcheur. Face à toutes les tempêtes − la pandémie, la hausse des prix de l'énergie, une licence manquante −, il continue à pêcher. Sophie est armatrice hauturière. Malgré un futur incertain, une licence manquante, elle continue à moderniser sa flotte. Estelle est mareyeuse. Ébranlée par les ruptures d'approvisionnement, elle continue à investir dans son établissement.
Jérôme, Sophie et Estelle savent bien que nos voisins britanniques ne font pas de quartier et ne respectent pas les accords. Mais ils se souviennent aussi que la Commission européenne a promis, le 24 décembre 2020, de les aider. Monsieur le Commissaire, aujourd'hui comme depuis 465 jours, je vous le dis solennellement: n'oubliez pas Jérôme, n'oubliez pas Sophie, n'oubliez pas Estelle. Ils sont l'avenir de notre pêche en Manche. Ils sont l'avenir de notre souveraineté alimentaire. Merci pour eux.