🇪🇺 Députés européens
🇫🇷 Députés français🗳 Voir le vote
🇪🇺 Députés européens
🇫🇷 Députés français🗳 Voir le vote
A bis. considérant que le rapport du Centre commun de recherche récemment publié intitulé «Modelling environmental and climate ambition in the agricultural sector with the CAPRI model: Exploring the potential effects of selected Farm to Fork and Biodiversity strategies targets in the framework of the 2030 Climate targets and the post 2020 Common Agricultural Policy» (Modélisation de l’ambition environnementale et climatique dans le secteur agricole au moyen du modèle CAPRI: étude des effets potentiels d’une sélection d’objectifs des stratégies «De la ferme à la table» et «Biodiversité» dans le cadre des objectifs climatiques à l’horizon 2030 et de la politique agricole commune pour l’après-2020) conclut, avec d’autres études récentes, que la mise en œuvre des objectifs de la stratégie aurait une incidence considérable sur la production agricole dans l’Union; que ces études soulignent la nécessité d’évaluations d’impact ex ante scientifiques et solides portant sur la durabilité sous les angles économique, social et environnemental, ainsi que le besoin de tenir compte des effets cumulatifs, des éventuels compromis, de la disponibilité des moyens d’atteindre les objectifs et des différents modèles agricoles dans les États membres dans le cadre de toute proposition législative au titre de la stratégie «De la ferme à la table»;
Déposé par des députés dont Geoffroy DIDIER (LR), Anne SANDER (LR), Arnaud DANJEAN (LR), Brice HORTEFEUX (LR), Nadine MORANO (LR), Gilles BOYER (HOR), Catherine CHABAUD (MoDem), Nathalie COLIN-OESTERLÉ (LC), Jérémy DECERLE (RE), Agnès EVREN (LR), Laurence FARRENG (MoDem), Bernard GUETTA (RE) et Irène TOLLERET (RE)
– Madame la Présidente, Madame la Commissaire, la stratégie «De la ferme à la table» est au cœur du pacte vert pour l’Europe et je voterai en faveur de celle-ci, car je suis convaincu qu’il est de notre devoir d’élus de repenser nos systèmes alimentaires en nous basant sur les leçons tirées de la crise sanitaire et en tenant compte de divers signaux d’alarme qui sont passés au rouge ces dernières années en matière de santé, de biodiversité ou de climat.
Il est primordial de changer de modèles agricole et alimentaire et de faire évoluer ceux-ci sur une voie durable, tout en accompagnant, bien sûr, les agriculteurs dans ces changements et en sensibilisant les consommateurs. Oui, parce qu’il nous faudra apprendre à produire différemment et à consommer différemment si l’on veut répondre à l’enjeu climatique qui est devant nous. L’agriculture doit devenir encore plus vertueuse, moins chimique, mais aussi plus respectueuse de la santé humaine, de l’environnement, de l’eau, des sols et de la biodiversité, ainsi que des écosystèmes.
Ne nous y trompons pas. Le vote sur le rapport «De la ferme à la table» constitue une étape importante. Nous allons déterminer si, oui ou non, le Parlement européen est d’accord de mettre en place les outils indispensables pour construire le monde de demain. Et je veux le dire ici: les solutions sont dans la nature et non dans le tout technologique ou le tout génomique. L’intérêt général doit l’emporter, et ce, pour offrir un avenir aux futures générations.
– Madame la Présidente, avec ce dossier de la stratégie européenne pour une alimentation saine et durable, le pacte vert développe son volet agricole à marche forcée. Nous pouvons partiellement y adhérer et nous l’avons clairement fait en imposant des éléments nouveaux ou en votant certaines propositions communes de bon sens sur la nécessité de raccourcir les chaînes d’approvisionnement, de favoriser la diversification des semences et des cultures, de créer des stocks alimentaires stratégiques, donc de soutenir les producteurs européens.
Mais derrière ces propositions se cachent deux risques majeurs. Le premier est celui de la pénalisation excessive des rendements européens par les législations incohérentes sur les phytosanitaires et les antibiotiques et sur les changements d’affectation des sols. Ignorant les données stratégiques mondiales, les récentes études d’impact sont à cet égard inquiétantes.
Deuxième volet gravissime: ce texte s’oriente essentiellement vers un mode d’alimentation nouveau fondé sur la contrainte d’indicateurs harmonisés et obligatoires, comme le nutriscore, un indice que nous souhaitons vivement consulter pour être rassurés et qui, en fait, nous prend en otage par son diktat. Ainsi, la viande bio du Charolais ou le roquefort AOC français obtiennent un score «immangeable», contrairement à de la nourriture industrielle. Tout cela parce qu’en amont, on assiste à la criminalisation de l’élevage sous l’influence de lobbies, telle la fondation OPP de M. Dustin Moskovitz. Tout cela pour obtenir in fine une nourriture 100 % artificielle.
Alors, notre vote sera conditionné à deux éléments déterminants: une étude d’impact préalable et l’abandon d’indicateurs harmonisés obligatoires.
– Madame la Présidente, Madame la Commissaire, c’est avec sérieux et méthode que nous devrions travailler à la lutte contre le changement climatique et à la protection de nos ressources naturelles. C’est pourtant tout le contraire que je retrouve dans l’attitude de la Commission européenne, qui nous présente une stratégie privilégiant des effets d’annonce plutôt que des objectifs pragmatiques fondés sur la science. C’est aussi tout le contraire que je retrouve dans son refus catégorique de mener une analyse globale de l’impact de cette stratégie, décrédibilisant ainsi les objectifs qu’elle propose.
Au contraire, nous avons besoin d’inspirer la confiance, de croire au progrès et de stimuler l’innovation au lieu de présenter la décroissance comme seul horizon possible pour l’agriculture européenne. Nous avons besoin d’accompagner nos agriculteurs et de ne pas les accabler de contraintes et de taxes supplémentaires. Enfin, nous avons besoin de réorienter notre politique commerciale, car, sans cela, il est clair que les gains climatiques de nos politiques seront minimes.
– Madame la Présidente, chers collègues, nos systèmes alimentaires sont responsables d’un tiers de nos émissions de gaz à effet de serre. Ils mettent en danger les écosystèmes, détruisent l’agriculture paysanne, la santé et le bien-être des animaux. Pour quel résultat? Un tiers de la production alimentaire est gaspillée; huit millions de Français ont besoin de l’aide alimentaire pour vivre; près de trois milliards d’humains sont en situation de famine ou de malnutrition. Il y a donc une urgence absolue.
Il s’agit de revenir aux limites planétaires en ne prenant pas à la nature plus que ce qu’elle peut reconstituer. Il s’agit de faire la révolution agroécologique et de refonder le commerce international par un protectionnisme écologique et solidaire. Il s’agit de végétaliser et de démocratiser notre alimentation pour nourrir l’ensemble de la population mondiale et lutter contre les souffrances subies par les animaux.
Ce rapport marque un pas important dans cette direction. Et je veux remercier les rapporteurs, en particulier ma collègue Anja Hazekamp. Mais ce rapport ne servira à rien si les politiques européennes ne sont pas mises en conformité avec les objectifs qu’il contient. C’est pourquoi j’appelle à soutenir ce rapport en l’état, mais aussi à exiger la réécriture de la politique agricole commune lors du vote décisif qui aura lieu le mois prochain.
– Madame la Présidente, la stratégie «De la ferme à la table» est cruciale pour mettre notre système alimentaire en cohérence avec les objectifs du pacte vert et la lutte contre le dérèglement climatique. Cela passera nécessairement par la fin de l’élevage industriel. L’élevage représente plus de 14 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Selon la FAO, 40 % des terres cultivées le sont pour nourrir le bétail. Les importations de soja pour nourrir les animaux de l’élevage industriel contribuent directement à la déforestation – en Amazonie, par exemple. L’élevage industriel conduit à des souffrances immenses chez les animaux, que ce soit pendant l’élevage, pendant le transport ou l’abattage.
Privilégions d’autres formes d’élevage respectueuses du climat et de l’environnement, mais aussi plus gratifiantes pour les éleveurs. Mais surtout, agissons pour réduire notre consommation de produits d’origine animale.
La stratégie va dans le bon sens. La révision de l’ensemble des règles en matière de bien-être animal en 2023 doit être l’occasion, au minimum, de sortir des pratiques les plus cruelles, comme l’élevage en cage ou le transport d’animaux non sevrés.
– Madame la Présidente, chers collègues, Madame la Commissaire. «Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es»: ces mots de Brillat-Savarin datent de 1825 et résument le lien étroit qui a toujours existé entre notre alimentation et le monde dans lequel nous vivons. Alors aujourd’hui, je suis fière d’être européenne et de soutenir les objectifs politiques ambitieux du pacte vert, tels que déclinés dans cette stratégie «De la ferme à la table».
Le texte que nous allons voter est équilibré et montre la volonté de cette Assemblée d’être au rendez-vous de l’histoire. Mais, lors de la mise en place concrète, législative, de la stratégie, il faudra être vigilant pour éviter les effets négatifs évoqués dans l’étude du Centre commun de recherche, tels que l’augmentation du prix de l’alimentation ou la délocalisation des émissions de carbone, et inclure tous les secteurs, comme les fruits et légumes ou le vin – inexplicablement exclu.
Pour réussir à atteindre ces objectifs, nous devons en même temps passer du libre-échange au juste-échange avec des outils de protection des revenus de nos agriculteurs, comme les clauses miroir pour les produits importés, mais aussi innover, car les solutions d’hier ne sont pas à la hauteur du défi climatique.
L’accès à une alimentation durable de qualité ne doit pas être réservé à quelques privilégiés. C’est un droit fondamental de tout être humain, y compris les plus fragiles.
– Madame la Présidente, Madame la Commissaire, chers collègues, le concert de cet après-midi vous paraît peut-être désaccordé, entre ceux qui pensent que la stratégie «De la ferme à la table» est inapplicable et qu’on nous cache tous ses dangers, et ceux qui croient au contraire qu’elle est parfaite et facile à appliquer.
La réalité est pour moi différente. La stratégie sans plan d’action n’est pas une stratégie. Les intentions sont bonnes, mais ce qui manque sérieusement, c’est une étude de faisabilité qui permette d’établir une vraie feuille de route. Au-delà d’une simple étude d’impact, il faut aujourd’hui poser sur papier les difficultés pour les agriculteurs et autres acteurs impliqués, les méthodes à développer, les soutiens à assurer pour que personne ne soit laissé de côté.
En attendant ce travail, la Commission ne doit pas revenir sur l’accord trouvé en trilogue au sujet du lien entre la PAC et la stratégie «De la ferme à la table». Les agriculteurs et la société méritent que nous dépassions les postures pour construire collectivement cette feuille de route indispensable pour renforcer l’identité agricole et alimentaire de notre Europe.
Ne nous laissons pas endormir par les propos éculés d’un autre temps, distillés par des lobbyistes conservateurs, prédicateurs de l’apocalypse alimentaire et agricole, dont les messages anxiogènes n’ont absolument aucun autre objectif que de préserver les intérêts de quelques-uns au détriment du climat, de la biodiversité, de notre santé, des paysans et donc au détriment du socle écologique robuste nécessaire à la construction d’un avenir digne et décent pour nos enfants.
Nous avons donc le devoir de voter sans trembler les ambitions de cette stratégie et, le mois prochain, avec la même détermination, d’exiger la réécriture de la politique agricole commune pour que cette politique publique européenne majeure, centrale et stratégique soit au rendez-vous des ambitions salutaires du pacte vert.
Parce qu’ils sentent que le vent est en train de tourner et ils ont peur. Un nouveau paradigme, qui répond aux attentes citoyennes, est en train d’émerger. Ils ont donc peur d’être dépossédés d’une vache à lait qui s’appelle la PAC. Peur de perdre une part significative des 55 milliards d’euros de budget annuel de la PAC qui les enrichit tout en appauvrissant les paysans et l’environnement.
Alors, j’applaudis ce texte, même imparfait, et appelle à son adoption large pour une alimentation saine, pour la biodiversité et le climat et pour les revenus des paysans, mais aussi pour montrer à nos citoyennes et citoyens que l’Europe peut se faire dans leur intérêt en répondant à leurs demandes, avec plus de transparence et pour plus de responsabilités des acteurs alimentaires.
Je suis donc impatient de voir ce texte mis en œuvre dans les politiques européennes et particulièrement celle de la PAC à venir.