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– Monsieur le Président, Madame la Ministre, Monsieur le Commissaire, les chefs d’État débattront au Conseil de la migration et de l’asile. La question est simple: y a-t-il enfin une volonté des États d’avancer?
Depuis la crise des réfugiés de 2015, l’Union européenne, par ses divisions, est inerte. Nous laissons prospérer réseaux de passeurs et situations de non-droit: ce n’est pas le visage de l’Europe des valeurs que nous défendons.
Début juin, avec notre groupe Renew et son président Dacian Cioloş, nous avons demandé aux États et à la Commission de relancer l’accord de Malte de septembre 2019. Trois objectifs: cesser les drames humains en Méditerranée, organiser le sauvetage en mer des migrants qui s’engagent sur des routes périlleuses et assurer un partage de responsabilité équitable entre tous les États membres.
Ne laissons pas l’Italie, l’Espagne, la Grèce ou Malte gérer seules des arrivées de plus en plus nombreuses. Je ne crois pas au grand soir de l’asile et de la migration et je préfère la méthode des petits pas de Robert Schuman et Jean Monnet. Pour bâtir une solidarité de fait, grâce à des réalisations concrètes dès cet été, nous pouvons agir.
Face à cette crise humanitaire, les États se rejettent la balle, sauf qu’il ne s’agit pas ici de foot, mais de vies humaines. Au lieu de secourir les exilés, Frontex les pourchasse et les abandonne aux réseaux mafieux. Et voilà comment l’Union européenne ne fait qu’ajouter encore au chaos.
Il est temps de rompre avec cette politique inhumaine et inefficace. Il faut organiser l’accueil coordonné, se débarrasser des règlements de Dublin, dénoncer les accords passés avec la Libye ou la Turquie. Toute autre politique sera un échec et sera marquée du sceau de la honte.
L’Union européenne doit cesser d’être tétanisée devant l’extrême droite sur ce sujet comme sur celui de la défense des droits des minorités. Comment accepter qu’en Europe, un État assimile les homosexuels à des pédocriminels et interdise la promotion de l’homosexualité auprès des mineurs? C’est pourtant exactement ce que le Parlement hongrois vient de voter.
Alors, quand vous aurez Viktor Orbán en face de vous, Madame Zacarias, il ne suffira pas de condamner tardivement, comme vient de le faire Ursula von der Leyen. Cette nouvelle attaque à l’encontre des personnes LGBTI, celle de trop, doit être sanctionnée immédiatement et avec la plus grande fermeté. Les Hongrois et toutes les personnes LGBTI doivent savoir qu’on ne les abandonnera pas, qu’ils ont le droit le plus fondamental d’aimer qui ils veulent, que notre groupe de la gauche fera tout pour mettre un terme à l’impunité d’Orbán.
Et puisque l’UEFA a injustement refusé que les couleurs de l’arc-en-ciel s’affichent sur le stade de Munich, ce soir, lors du match de foot contre la Hongrie, permettez-moi de les faire flotter ici haut et fort au Parlement européen, pour qu’enfin on siffle la fin de la partie de l’homophobie d’État en Hongrie.
– Monsieur le Président, à la veille du Conseil, certains, dont le groupe Renew, le groupe de M. Macron, appellent à remettre en œuvre la relocalisation obligatoire de migrants à l’intérieur du continent européen. C’est une manière de gérer notre impuissance à maîtriser nos frontières, de gérer notre impuissance face à l’immigration illégale, ce n’est en rien une réponse au défi migratoire. Parce que, si nous nous arrêtons à cette idée, c’est que nous avons renoncé à l’idée de défendre, enfin, les frontières extérieures de l’Europe face à l’immigration illégale, face au business des passeurs et que nous alimentons ainsi leur économie sinistre et le trafic des êtres humains.
Nous avons le devoir de mettre enfin en œuvre cette stratégie concertée de maîtrise des frontières européennes pour soutenir les États membres les plus touchés. Et pour cela, de mettre fin au procès scandaleux perpétuellement instruit contre l’agence Frontex, qui ne fait rien d’autre que son travail de garde-côtes et de garde-frontières, quand elle permet d’éviter que le continent européen voie entrer des gens qui n’y ont pas été autorisés.
Il n’y a qu’un seul moyen de mettre fin à tous les morts qui endeuillent la mer Méditerranée, c’est de garantir et de faire savoir que personne ne pourra s’établir en Europe, s’il n’y a pas été légalement autorisé. Sans cela, l’Europe n’a pas d’avenir et elle ne retrouvera pas son honneur.