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– Madame la Présidente, ce rapport témoigne du double discours de LREM en matière migratoire puisqu’il plaide ouvertement pour de nouvelles voies d’immigration légales sous le prétexte fallacieux d’endiguer les arrivées clandestines.
Une solution paraît pourtant évidente. Avec 25 milliards d’euros d’aide au développement à l’Afrique en 2018, les Européens doivent exiger en contrepartie l’acceptation par les pays bénéficiaires des rapatriements de leurs ressortissants. En effet, de l’aveu même de la Commission, parmi les six pays épinglés pour des taux d’exécution de retour particulièrement bas, cinq sont de l’Afrique. Par ailleurs, les transferts d’argent des immigrés à leur pays d’origine représentent aujourd’hui plus du triple de l’aide publique au développement, et la Cnuced estimait dernièrement les fuites illicites de capitaux à 3,7 % du PIB de l’Afrique, soit 88,6 milliards de dollars par an, ce qui démontre que de vastes sources de financement jusque-là inexploitées peuvent être mises à contribution.
Saignés à blanc par la pandémie de COVID-19, l’Europe et l’Occident ne pourront pas éternellement porter à bout de bras le reste du monde sans contrepartie ou obligation de résultat.
C’est bien, mais il y a les paroles et les actes; or, est-ce que l’Union européenne traite aujourd’hui l’Afrique en égale? Le fait-elle lorsqu’elle pille, par la pêche industrielle, les ressources halieutiques de l’Afrique, mettant sur la paille la pêche locale et l’économie qui en dépend? Le fait-elle lorsqu’elle promeut une agriculture ultra-intensive tournée vers l’exportation, dont les surplus ruinent les agriculteurs africains et enferment le continent dans la dépendance alimentaire? Est-ce un partenariat d’égal à égal lorsqu’on rase les forêts d’Afrique pour extraire toujours plus de cacao, de tabac, d’huile de palme ou de bois exotique, lorsqu’on accepte le travail des enfants et les violations des droits fondamentaux dans les mines pour assurer notre approvisionnement en cobalt ou autres métaux nécessaires à la soi-disant transition verte et numérique? L’Europe traite-t-elle l’Afrique en égale lorsqu’elle perpétue un modèle de conservation de la nature qui repose sur la violation systématique des droits des populations autochtones ou lorsqu’elle maintient dans les chaînes de la dette l’ensemble du continent africain?
Oui, il faut un partenariat d’égal à égal entre l’Europe et l’Afrique. Ce rapport va dans ce sens, mais l’Union doit maintenant prouver par des actes que sa relation avec l’Afrique a changé. En ce temps de pandémie, elle peut en faire une première démonstration en partageant les brevets des vaccins avec nos frères africains. Alors cessons l’hypocrisie, qu’attendez-vous pour soutenir la proposition en ce sens faite par l’Afrique du Sud à l’OMC?
Pour sortir de cette crise et construire le monde d’après, la solidarité et l’inclusion sont les maîtres-mots. C’est sur la base de ces leçons tirées qu’il nous faut renouveler et consolider notre partenariat avec l’Afrique, en laissant de côté nos réflexes protectionnistes et nationalistes.
Tout au long des échanges que j’ai pu avoir avec eux, nos partenaires africains n’ont cessé de souligner que c’est avec l’Europe qu’ils souhaitent bâtir l’avenir et que le futur partenariat doit être axé sur le développement humain, en commençant par la santé. Pourquoi ? Parce que la santé est le premier des biens communs et crée de la confiance. C’est dans le domaine de la santé également que l’Europe est le partenaire de référence. C’est donc autour d’elle que nous devons relancer ce partenariat. Comment va-t-on faire ? Tout d’abord, en renforçant les systèmes de santé avec la couverture santé universelle, la recherche et l’innovation, et par l’adoption de l’approche « One Health » dans nos politiques.
Pour rebondir après la crise du COVID, nos sociétés devront faire preuve de résilience. Au-delà de la santé, cette résilience collective devra s’appuyer sur la transition vers une économie verte, la lutte contre les changements climatiques, la production d’énergies renouvelables, l’agriculture durable et la protection de la biodiversité. C’est ce que j’appelle le «pacte vert Afrique-Union européenne».
Dans le monde post-COVID, les protagonistes seront les jeunes, ainsi que les femmes et les filles. La relance se fera avec eux. Notre partenariat doit contribuer à la lutte contre les inégalités et contre les violences en renforçant l’accès à l’éducation pour tous – y compris en matière de droits sexuels et reproductifs – et l’accès à la formation numérique. Nous devons pouvoir compter sur nos jeunes. Pour cela, il faut concentrer nos efforts sur leur formation, afin qu’ils soient maîtres de leur destin – c’est cela qu’on appelle une société inclusive. Nos valeurs doivent aussi être la colonne vertébrale de notre partenariat. Alors donnons aux jeunes africains et européens les outils pour pouvoir échanger sur les questions de droits humains et de gouvernance ; ils nous le demandent.
Pour réussir tout cela, nous aurons besoin que les 27 États membres, et pas seulement quelques pays européens, s’investissent activement dans ce partenariat, qu’ils apprennent à connaître l’Afrique, qu’ils la vivent. L’Afrique aura un impact décisif sur l’avenir du monde. Tous les Européens doivent comprendre l’importance et la chance que représente ce partenariat pour nous. Le voici, le partenariat voulu par ce Parlement : un partenariat centré sur les relations humaines. C’est cela qui fera notre force.
Ce rapport est un bel exemple de ce partenariat centré sur l’humain. Il s’inspire des échanges et des liens tissés avec des femmes et des hommes africains au cours de plus de deux cents consultations avec toutes les composantes des sociétés africaines. Ensuite, ce rapport a été élaboré, amendé, discuté avec vous tous. Les groupes politiques de ce Parlement ont travaillé main dans la main pour aboutir à ce rapport ambitieux qui répond aux défis du monde post-COVID et envoie un message fort aux Africains, mais aussi aux Européens.
Je vous remercie de votre engagement, de vos idées et de vos contributions. Je vous remercie aussi de m’avoir permis de jouer mon rôle de rapporteure et de mener à bien ce que je considérais comme ma mission : réunir les visions africaine et européenne. Cela a aussi été rendu possible par le formidable travail des délégations de l’Union européenne en Afrique, que je voudrais vraiment remercier.
Mes chers collègues, dès le début de la pandémie, j’ai échangé avec nos partenaires sur les questions sanitaires, le problème des masques et des tests et, plus récemment, sur l’accès équitable aux vaccins. Nous avons partagé nos peurs, mais surtout nos espoirs pour un partenariat plus fort et plus solidaire. Cependant, alors qu’à ce jour les pays pauvres n’ont bénéficié que de 0,1 % des vaccins administrés dans le monde, la confiance entre l’Afrique et l’Europe est aujourd’hui ébranlée. Nous avons le devoir de la restaurer, et cela doit commencer par l’accélération du rythme des livraisons de vaccins en Afrique.
Madame la Commissaire, ce rapport intervient dans un contexte où la pandémie offre la possibilité de revoir notre rapport au monde, de choisir nos partenaires stratégiques, de définir nos interdépendances. La recommandation de ce rapport est claire : faire du continent africain notre allié privilégié pour faire face aux défis devant nous.
Ce rapport contient des pistes concrètes pour décliner cette ambition dans tous les domaines – l’humain, l’économique, le culturel –, avec une approche nouvelle fondée sur les liens humains et sur les échanges entre personnes. Au moment où nous allons nous doter de nouveaux instruments financiers, il vous appartient, Madame la Commissaire, de vous saisir de ces propositions et de les faire vivre dans le cadre du programme « Team Europe ». Nous serons, je vous le promets, à vos côtés pour porter cette ambition.
Mes chers collègues, Madame la Commissaire, soyons fiers de la communauté de destin qui nous lie tous, nous, Africains et Européens.
– Madame la Présidente, à l’heure où la croissance verte et inclusive de l’Afrique, pour reprendre vos mots, semble monopoliser l’attention de Bruxelles, à l’heure où la Chine se veut toujours plus offensive à l’égard de l’Afrique, une vague démographique de 2 milliards 500 millions d’habitants d’ici 2050 se dresse face à nous, de l’autre côté de la Méditerranée.
L’Afrique est et restera un partenaire économique majeur et incontournable, qui bénéficie aujourd’hui d’aides stratégiques nationales et internationales à son développement pour le siècle qui vient. Loin d’être un gage de tutelle, et compte tenu du défi migratoire, des destins croisés de nos continents, si une politique dissuasive d’immigration ne reprend pas rapidement ses lettres de noblesse, ces aides doivent et devront tout d’abord être conditionnées – et strictement conditionnées – à la maîtrise des flux migratoires par les États africains. Nous en savons les drames humains, nous en savons les causes et les conséquences, tant dans la fuite de forces vives pour les pays de départ que dans la volonté de nos peuples de rester eux-mêmes. Oui au codéveloppement, non à la tutelle.