🇪🇺 Députés européens
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– Madame la Présidente, chers collègues, vous proposez dans ce rapport le renforcement du marché unique, tel un mantra, alors que c’est justement la seule politique qui a été mise en œuvre par l’Union européenne depuis Maastricht et qui a conduit à un tel désamour des citoyens du continent envers notre institution. C’est pourtant l’application d’un tel laisser-faire qui a fragilisé nos structures économiques et industrielles européennes et qui nous a laissés fort dépourvus au moment où la crise sanitaire est apparue.
Vous préconisez la création d’un tableau d’affichage du marché intérieur afin de contrôler les performances des États membres, ainsi que des indicateurs de restrictivité, afin que la Commission puisse établir des objectifs annuels de réduction des obstacles et d’ouverture du marché contraignants et soumis à surveillance, avec la possibilité de procédures d’infraction. Grande est ma crainte qu’ainsi la sécurité sociale française ne vous apparaisse bien trop restrictive et soit ainsi démantelée pour satisfaire vos visées libérales. Votre ouverture sans limite serait ainsi articulée par une task force sur le respect de l’application des règles du marché unique. Il est à redouter que cette police du libéralisme éloigne un peu plus les peuples européens de leur liberté réelle et de leur capacité à contrôler leur économie.
Mais ce qui ne cesse de m’interpeller est votre appel répété à l’ouverture toujours plus grande des frontières européennes. Ainsi, votre projet serait tout autant autoritaire en matière de respect des dogmes du libre-échange, que laxiste et irrespectueux des attentes des peuples en matière d’immigration non souhaitée mais néanmoins imposée.
Ce texte incarne donc cette politique européenne qui cause tant de tort à l’Europe en éloignant de sa belle idée les citoyens européens atterrés par son détournement au service du marché global.
– Madame la Présidente, chers collègues, l’Union européenne ne cesse de se tromper et de s’enferrer dans des orientations idéologiques obsolètes et ce rapport que nous évoquons aujourd’hui l’illustre de manière caricaturale.
Pourtant, la pandémie avait démontré l’importance de maîtriser nos frontières, nos chaînes logistiques, nos circuits courts et de retrouver une souveraineté dans les domaines stratégiques. Et que fait le rapport? Tout le contraire. Il demande que l’on facilite l’implantation des entreprises étrangères, affirme que la réouverture des frontières est la priorité et rejette fanatiquement toute idée de localisme.
D’autre part, la pandémie a révélé que le libéralisme, le mondialisme avaient laissé les grandes entreprises délocaliser leurs activités dans les pays aux conditions sociales les plus détestables. Et que fait le rapport? Au lieu d’y remédier, il se jette à corps perdu dans une liberté de mouvement encore plus totale.
La pandémie, enfin, a prouvé qu’il était indispensable de conserver intact le droit d’intervention de l’État dans l’économie. Et que fait le rapport, là aussi? Il qualifie ce droit d’illégitime et demande l’abandon des sauvegardes d’intérêt public, qu’il décrit comme injustifiées.
Alors, chers collègues, le spectacle ne serait pas complet sans une dernière horreur: l’inscription de chaque État dans un tableau de performances chiffrées quant à la liberté de circulation, avec des objectifs annuels d’élimination des obstacles sous la supervision et le contrôle de la Commission européenne. Comme si les États étaient des petits employés évalués par leur patron sur leurs performances.
Eh bien nous, nous rejetons cette organisation. Nous rejetons cette organisation catastrophique du monde et les dégâts qu’elle engendre. Nous devons quitter ces fantasmes dogmatiques basés sur l’idéologie abstraite de la liberté pure. Il est urgent de bâtir une société nationale, humaine, résiliente, protectrice de nos économies et des conditions sociales de nos travailleurs.
– Madame la Présidente, cela fait des années que nous insistons sur le fait qu’il est nécessaire d’avoir un marché intérieur des services sans faille en débloquant les avantages pour les entreprises et pour les consommateurs.
Aujourd’hui, cet objectif est devenu une urgence. Face à la crise, l’achèvement d’une Europe des services va de pair avec la relance continentale. Nous avons voté des mesures qui étaient jusque-là impensables pour répondre à la crise. Aussi, chers collègues, est-il impensable de réaliser aujourd’hui un vrai marché européen des services? Je ne le pense pas car, oui, aujourd’hui, il est urgent d’agir aussi pour la transition écologique et pour la transition numérique.
Le rapport de M. Løkkegaard le montre très clairement. Il est temps d’approfondir notre marché unique des services, il est temps de mettre fin aux barrières injustifiées. À cette fin, nous devons utiliser pleinement les outils dont nous disposons, des procédures d’infraction accélérées – et je me tourne ici vers la Commission –, des outils de performance, tels que le tableau d’affichage du marché intérieur ou encore le service SOLVIT.
Car aujourd’hui, chers collègues, nous n’avons plus de temps pour les excuses: il est temps d’agir.