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J’avais des remerciements à faire mais je voudrais également prendre quelques précautions. Le sujet de la migration légale est l’un des plus casse-gueule que l’on connaisse, pardon pour ce terme. Globalement, une partie de vos interlocuteurs vous trouvera sympathique, mais vous reprochera de ne pas aller assez loin. Une autre partie de tous vos autres interlocuteurs vous prendra alternativement pour une folle, une naïve ou une criminelle, et parfois les trois à la fois: folle, parce que les conditions économiques en Europe devraient plutôt obliger à fermer à triple tour les frontières; naïve, parce qu’on ne verrait pas que des hordes d’étrangers veulent nous envahir; et criminelle, parce qu’on serait responsable du pillage des cerveaux dans les pays tiers.
Les collègues diront évidemment ce qu’ils jugent utile dans ce débat. J’espère que beaucoup seront positifs dans leurs propos, qu’ils accompagneront de propositions. De mon côté, j’avais envie de défendre un autre récit sur la migration, qui ne l’assimile pas systématiquement aux problèmes. Comme le Comité économique et social européen le dit, il faut parler aussi d’enrichissement mutuel et de l’influence positive de la migration, au lieu de se perdre systématiquement dans les seuls discours xénophobes. C’est ce qui a sous-tendu ce rapport sur les nouvelles voies légales de migration de travail.
Depuis de nombreuses années, toutes les politiques au sujet de la migration n’ont qu’à très peu d’occasions été consacrées à une vision positive, ou à tout le moins non restrictive. On citera la directive sur les résidents longue durée, ou bien encore la directive carte bleue, qui vient de connaître un épilogue heureux après tant d’années de blocage. Les étudiants et chercheurs étrangers sont relativement épargnés par les difficultés d’accès, mais je n’en dirais pas autant de la voie légale du regroupement familial à moyen terme.
Dans toutes les autres occasions, parce que des événements massifs, et parfois violents, de migration ont eu lieu, l’Union a réagi en voulant traiter les effets, en s’intéressant assez peu aux causes. Surtout, à aucun moment il n’est tenu compte du fait que moins les voies régulières de migration existent, plus les voies irrégulières se multiplient, au bénéfice exclusif des passeurs. Le dernier pacte asile et migration présenté par la Commission est à ce titre illustratif, puisqu’il est trop faible en propositions de voies de migration légale.
Pourtant la migration régulière est une réalité démographique et économique, en plus d’être une réalité humaine. Qui peut nier le vieillissement démographique de notre continent? Certains des États membres, comme l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne, sont dans des situations critiques sur leur pyramide des âges, avec bien entendu un déséquilibre entre le nombre d’actifs et d’inactifs. À ce moment-là de mon propos, j’entends d’ici les commentaires: la thèse de son rapport, c’est que les étrangers viennent remplacer les Européens, selon la fameuse théorie du grand remplacement. Eh bien non, je laisse cela à certains esprits torturés, car l’idée n’est évidemment pas de substituer des actifs ou des inactifs européens par des étrangers, mais que ces étrangers puissent être des actifs réguliers au sein d’une migration sûre et ordonnée.
Réalité économique aussi, quand on prend connaissance des besoins de travailleurs dans certaines professions. Depuis plus d’une dizaine d’années, dans certains États membres, les offres d’emploi non pourvues explosent, par exemple dans l’hôtellerie ou la restauration, dans l’agriculture ou l’agroalimentaire, ou bien encore dans le travail saisonnier. J’ai participé, il y a peu de temps, à une rencontre avec une chambre de commerce et d’industrie en France, qui expliquait comment elle avait dû prendre le taureau par les cornes pour mettre en œuvre un programme d’accueil de travailleurs étrangers, faute d’avoir pu trouver des candidats locaux et au risque, sinon, de voir disparaître des pans entiers de son économie du territoire.
La lucidité doit également nous amener à voir clairement que, pendant la période de la COVID-19, de très nombreux travailleurs de première ligne, notamment dans les domaines des soins, des hôpitaux et de l’aide aux personnes, étaient des travailleurs étrangers. Comment nos sociétés auraient-elles traversé les épreuves sans ces présences? Ce n’est pas très nouveau d’ailleurs, parce que dès 2005, Silvio Berlusconi voulait expulser les
Parmi les objectifs de ce rapport, on trouvera donc le souhait d’éviter des migrations meurtrières parce qu’irrégulières, et la lutte contre la traite des êtres humains, dont se gavent un nombre de plus en plus important de criminels. À cet égard, nous souhaitons garantir l’égalité des salaires et des droits, et faciliter l’intégration et l’inclusion sociale. Nous soulignons en outre que le cadre législatif actuel a créé des incohérences nombreuses, tant pour les ressortissants de pays tiers que pour les employeurs. Il faut donc aller vers une simplification et une harmonisation des dispositions actuelles.
Parmi les propositions qui sont faites, je veux isoler ce souhait de pouvoir aider à la mise en relation entre les employeurs et les employés potentiels au travers d’une plateforme européenne qui recenserait les besoins et les talents, en recommandant qu’elle associe tous les types d’entreprises, les services publics et les organisations associatives, et qu’elle couvre le plus grand nombre de secteurs d’emploi.
Par ce rapport d’initiative, nous lançons un appel à la Commission pour qu’elle réagisse et propose de nouvelles directives pour renforcer la mobilité des travailleurs au travers d’instruments adaptés, en faveur d’une migration légale qui n’oublie pas les emplois peu qualifiés. Avec ce rapport, il y a une occasion unique de changer le récit vis-à-vis de la migration. Je compte sur le courage politique et la lucidité pour parler enfin d’atouts, d’objectifs gagnant-gagnant et de nouvelles approches.
– Madame la Présidente, Monsieur le Vice-président, la migration de travail est un élément essentiel pour construire une relation mutuellement bénéfique avec les pays tiers d’origine. Vous l’avez rappelé, Monsieur le Vice-président Margaritis Schinas, la migration fait partie de l’histoire de l’Europe.
Je voudrais saluer ce rapport de notre collègue Sylvie Guillaume, qui invite à améliorer les conditions d’accès au marché du travail européen pour les travailleurs dans les secteurs en pénurie de main-d’œuvre. En effet, l’ouverture de nouvelles voies de migration économique légales permettra de soutenir la compétitivité de l’économie européenne. Nous devons simplifier les procédures et accélérer la reconnaissance mutuelle des qualifications et des diplômes.
En revanche, cette politique ne devrait pas pénaliser les pays tiers en leur prenant une partie de leurs forces vives. Avec mes collègues du groupe Renew, nous proposons la mise en place d’un système gagnant-gagnant, qui permettrait de soutenir la formation, directement dans les pays tiers, des travailleurs locaux dans les mêmes domaines que ceux pour lesquels nous les recrutons sur le marché européen. Ce système déjà expérimenté dans des projets pilotes a de nombreuses retombées positives. C’est une bonne pratique que je voudrais verser au débat et que nous pourrions répliquer plus largement au niveau européen.
J’invite la Commission, Monsieur le Vice-président, à intégrer cette donnée pour que nous ayons un dispositif complet d’organisation de cette migration légale et organisée à l’échelle européenne que nous appelons de nos vœux.
– Madame la Présidente, chers collègues, l’échec de l’Union européenne à lutter contre l’immigration de peuplement est patent. Chaque mois qui passe en apporte des preuves supplémentaires. Au mois de mai, c’est au tour de l’enclave espagnole de Ceuta d’être victime d’un afflux de migrants d’une ampleur inédite: 6 000 en une seule journée. Au lieu de réagir, le Parlement européen ne trouve rien de mieux à faire que de voter le rapport Strik, qui se préoccupe à 100 % des droits des migrants et à 0 % de la défense de notre civilisation.
Dans ce contexte, j’accueille avec beaucoup de méfiance le rapport Guillaume consacré à la création de nouvelles voies européennes pour une migration économique légale. Certes, il s’agit cette fois de parler d’immigration de travail, et non d’immigration de peuplement, et je reconnais que l’Europe a besoin de travailleurs immigrés dans certains secteurs d’activité. Mais c’est aux États, et non à l’Union européenne, de s’organiser pour faire venir chez eux les travailleurs dont ils ont besoin. Abandonner cette compétence à l’Union serait une grave erreur, car elle est incapable de l’exercer avec réalisme.
Le rapport Guillaume le prouve. Il dit que la migration est normale; non, c’est une anomalie quand elle n’est pas consentie par l’État d’accueil. Il dit que l’Europe n’est pas une destination suffisamment attrayante pour la migration; non, elle l’est déjà trop. Il dit que la création de voies européennes de migration économique réduira l’immigration de peuplement; non, elle constituera simplement une pompe aspirante supplémentaire. Il dit qu’il faut constituer à l’étranger un réservoir de talents pour l’Europe; non, vider l’Afrique de ses élites serait le meilleur moyen de déstabiliser davantage le continent africain et d’augmenter notre submersion migratoire.
De grâce, laissez les États gérer leur immigration économique. Ils le feront beaucoup mieux que vous.