Conditions de travail, droits et protection sociale justes pour les travailleurs de plateformes - nouvelles formes d'emploi liées au développement numérique

Procédure terminée

📌 Votes principaux

👍 Proposition de résolution
✅️ Adopté

🇪🇺 Députés européens

524
39
124

🇫🇷 Députés français🗳 Voir le vote

56
23
Parmi 79 députés, 79 ont votés.
15 septembre 2021

📚 Sources

🗃️ Données

🚫 Aucun amendement
Nicolas BAY | Rassemblement national
. – J’ai préféré m’abstenir sur ce texte qui fait des constats intéressants sur le marché du travail des pays de l’UE dans le domaine des plateformes numériques. Cependant, il demande malheureusement une initiative européenne, qui tendrait donc à harmoniser les législations nationales et réduirait la flexibilité dont ont besoin les États dans ce genre de domaines. La mention explicite du principe de subsidiarité semble toutefois contenir ce risque.
Dominique BILDE | Rassemblement national
Je me suis abstenue sur ce texte, sur lequel j'étais «rapporteur shadow» en commission emploi.Les abus contre les travailleurs des plateformes – essentiellement au travers du statut d'indépendant, source de précarisation – sont incontestables et intolérables.Il est heureux que les droits nationaux permettent aujourd'hui une requalification de ces statuts en contrats de travail, préfigurant d'ailleurs une présomption de salariat. C'est pour cette raison qu'une directive européenne en la matière ne semble pas opportune.
Geoffroy DIDIER | Les Républicains
La crise de la COVID-19 a permis de mettre en évidence le rôle crucial joué par les travailleurs de plateformes dans le maintien des activités de milliers de PME à travers l’Union, car ces travailleurs constituent une interface indispensable entre les consommateurs et des secteurs clés tels que l’alimentation et les transports. Ils sont cependant exposés à des risques pour la santé et la sécurité plus élevés que les travailleurs aux modalités de travail classiques, puisqu’ils travaillent souvent dans des conditions météorologiques défavorables et difficiles et sont souvent sous pression pour aller plus vite et être plus efficaces. De plus, les travailleurs de plateformes ayant subi une perte de revenus en raison de la pandémie n’étaient souvent pas admissibles aux mesures d’aide au revenu, ce qui met en évidence leur manque d’accès à la protection sociale. Ce rapport d’initiative répond aux inquiétudes sur la précarité et les mauvaises conditions de travail pour les travailleurs de plateformes numériques, qui jouent un rôle crucial pour maintenir les activités de milliers de PME dans l’UE. J’ai donc pris position en faveur de ce texte.
Sylvie GUILLAUME | Parti socialiste
J’ai voté en faveur du rapport appelant à des conditions de travail équitables pour les travailleurs des plateformes tels que les services de livraison de repas vis à vis des employés traditionnels. Nous plaidons pour ne pas considérer ces travailleurs comme systématiquement indépendants mais comme employés afin qu’ils bénéficient d’une protection sociale et d’autres droits du travail. Nous demandons à inverser la charge de la preuve et qu’il revienne aux entreprises de prouver l’absence de relation de travail. Nous voulons également leur garantir un environnement de travail sain et sûr et plaidons notamment pour une assurance accident pour les travailleurs du secteur des transports.
France JAMET | Rassemblement national
Même si ce rapport promeut une meilleure protection pour les travailleurs des plateformes, dont les livreurs sont l’incarnation même des abus dans le domaine, il existe bel et bien un risque d’immixtion dans le domaine du Code du Travail français de la part de l’UE. D’où mon abstention.
Gilles LEBRETON | Rassemblement national
Je me suis abstenu sur ce rapport car je soutiens les efforts visant à protéger les travailleurs des grandes plateformes numériques, particulièrement exposés aux abus. Toutefois, les propositions s’immiscent de façon trop importantes dans le domaine du code du travail, qui doit rester une compétence nationale.
Emmanuel MAUREL | Gauche républicaine et socialiste
La pandémie du COVID-19 a révélé l’utilité et la popularité grandissante des plateformes de vente de biens ou de services en ligne. À défaut de faire son shopping en magasin ou diner au restaurant, les gens ont favorisé l’utilisation de ces plateformes qui se sont rendues pratiques dans le contexte du respect des règles sanitaires. Cette hausse de la consommation a rendu les travailleurs de ces plateformes encore plus vulnérables qu’ils ne l’étaient auparavant, aggravant les violations de leurs droits par leurs employeurs déresponsabilisés. En effet, leur statut se résume à «travailleur indépendant» ou «auto-entrepreneur» alors qu’ils sont loin d’avoir les revenus ni les sécurités qui vont de pair avec ces statuts. En conséquence de la mauvaise catégorisation de leur activité professionnelle, ils n’ont pas touché les aides financières qui ont été mises en place pour pallier à la dureté de la pandémie et ne sont pas protégés juridiquement. Ce texte propose donc de responsabiliser les plateformes, d’établir une sécurité juridique européenne, de mettre en place un système pour bien vérifier les statuts des travailleurs afin qu’ils puissent toucher les aides dont ils ont besoin, et pour qu’ils puissent bénéficier pleinement de leurs droits. J’ai donc voté en faveur.
Nadine MORANO | Les Républicains
J’ai voté en faveur de cette résolution relative aux conditions de travail, aux droits et à une protection sociale justes pour les travailleurs des plateformes numériques. Le texte invite la Commission et les États membres à mieux protéger les droits fondamentaux des consommateurs et des travailleurs de ces plateformes de type Uber, Deliveroo, etc. Il suggère de renforcer la coordination entre États membres pour garantir une surveillance et une exécution efficaces des nouvelles règles applicables à ces plateformes.
Anne SANDER | Les Républicains
Alors que la pandémie a considérablement augmenté le nombre de travailleurs de plateformes, qui ont permis de maintenir les activités de milliers de PME durant la crise, de nombreuses inquiétudes sur la précarité et les mauvaises conditions de travail existent. J’ai voté en faveur de ce rapport d’initiative qui invite la Commission à définir avec les États membres le statut professionnel des travailleurs des plateformes se développant en corrélation avec l’essor du numérique. Ce cadre européen assurera aux travailleurs des plateformes des conditions de travail dignes et adaptées en fonction de leur statut d’indépendant ou de salarié. Ainsi, ils bénéficieront de l’ensemble des droits des travailleurs et d’une protection sociale remédiant à l’insécurité juridique qui pouvait les menacer. En cas de conflit, grâce à une inversion de la charge de la preuve, cela sera à la plateforme de prouver que le travailleur n’est pas un salarié. Toutefois, la qualification d’indépendant restera possible puisqu’elle correspond également à une réalité du développement de ce modèle économique que sont les plateformes. La flexibilité et la grande diversité des plateformes seront donc respectées afin de garantir les opportunités économiques que représentent leur essor pour nos entreprises, nos entrepreneurs et nos emplois.
Manon AUBRY | La France Insoumise
Ce rapport vise à présenter les recommandations du Parlement européen pour renforcer les conditions de travail et les droits des travailleurs des plateformes. Il demande notamment la création d’une présomption réfutable d’emploi, la reconnaissance des plateformes comme employeurs, le refus de créer un nouveau statut entre travailleurs et indépendants et la nécessité d’une action européenne commune et cohérente sur la question. J’ai donc voté pour ce texte qui va dans le sens d’une meilleure protection des travailleurs des plateformes.
Manuel BOMPARD | La France Insoumise
Les travailleurs des plateformes numériques sont parmi les travailleurs les plus exploités à l’heure actuelle. Par l’absence totale de protection adéquate, la précarité intrinsèque de leur situation, leur dépendance absolue envers les algorithmes et leur rémunération à la tâche, ces travailleurs se trouvent dans une situation qui était celle des tâcherons du XIXe siècle. Si nous n’y prenons pas garde les travailleurs des plateformes constituent le futur de l’ensemble des travailleurs. Ce rapport constitue une avancée décisive pour les droits de ces travailleurs. Il exige que la Commission présente une directive garantissant aux travailleurs des plateformes les mêmes droits et le même accès à la protection sociale que les autres travailleurs, leur droit et capacité à mener des négociations collectives, et surtout instaurant une présomption réfragable d'emploi, complétée par un renversement de la charge de la preuve par les plateformes en cas de conflit de requalification devant les tribunaux. Ces victoires ont été rendues possibles en grande partie par le travail acharné de ma camarade insoumise Leïla Chaibi avec les travailleurs des plateformes. Je la félicite et vote avec plaisir cette belle victoire pour les travailleurs!
Leila CHAIBI | La France Insoumise
Au cours des dernières années, les plateformes numériques, telles Uber et Deliveroo se sont développées en Europe en s’appuyant sur l'utilisation frauduleuse du statut de faux-indépendant. Ainsi leurs coursiers à vélo et leurs chauffeurs VTC n’ont ni accès au droit du travail, ni à la protection sociale et sont dans une situation de précarité, alors même qu'ils sont soumis dans les faits à un lien de subordination.Ce rapport, sur lequel j’étais rapportrice fictive pour mon groupe politique, adresse ces enjeux fondamentaux et propose des solutions ambitieuses telles que la mise en place d’une présomption de relation d’emploi en faveur des travailleurs qui doit s’appliquer dès le premier jour de la relation de travail, le renversement de la charge de la preuve grâce auquel ce sera à la plateforme de prouver que le travailleur est un vrai indépendant, et exclut totalement la création d’un statut tiers. Pour autant, les travailleurs qui sont vraiment indépendants et jouissent des prérogatives de ce statut, pourront bien évidemment le rester.J’espère que la Commission suivra les recommandations de ce rapport, qui a pu compter sur ma voix et sur le soutien d’une large majorité au Parlement, dans sa proposition prévue le 8 décembre 2021.
Christophe GRUDLER | Mouvement Démocrate
Je me félicite d’avoir pu voter le 14 septembre dernier cette résolution du Parlement européen sur les travailleurs de plateformes numériques, portée par ma collègue Sylvie Brunet.Les travailleurs des plateformes numériques ont besoin de normes minimales qui garantissent des conditions de travail équitables, tout en encourageant l’innovation. À travers cette résolution, le Parlement européen demande que soit garantie une sécurité juridique pour les travailleurs, les entreprises et les consommateurs de plateformes numériques.Cela doit passer par une meilleure protection sociale, un accès à de meilleures conditions de travail, un véritable accès à la représentation collective, ou encore une présomption de relation de travail quand la situation l’imposera. C’est un rapport équilibré, qui protège les deux types de statut: salarié et travailleur indépendant.
Jérôme RIVIÈRE | Rassemblement national
La demande d’une initiative législative européenne (considérant R) nous fait nous poser de nombreuses questions quant aux risques encourus par la suite. Toutefois, il n’en demeure pas moins que derrière l’aspect technique, il est politiquement intenable de refuser un rapport qui promeut une meilleure protection pour les travailleurs des plateformes, dont les livreurs sont l’incarnation même des abus dans le domaine. C’est donc par souci de ne pas être bloqué face à une directive européenne balisée par ce rapport tout en affirmant qu’il n’est pas possible de s’opposer frontalement qu’une abstention s’impose.Abstention.
Stéphane BIJOUX | Renaissance
J’ai voté en faveur de ce rapport qui propose un cadre européen pour les travailleurs des plateformes, fidèle à l’objectif d’approfondir l’Europe sociale. Recourir aux services et professionnels des plateformes numériques – chauffeurs VTC, livreurs... – est entré dans notre quotidien. Cependant, l’émergence de nouveaux métiers liés, notamment sous l’effet de la transformation numérique, ne doit pas signifier un recul des droits des travailleurs et des conditions de travail. C’est justement le message porté par ce rapport, qui établit la position du Parlement dans la perspective d’une législation européenne qui sera proposée par la Commission européenne d’ici la fin de l’année. Le texte propose notamment d’assurer des conditions de travail décentes et transparentes, de renforcer l’accès des travailleurs des plateformes à la protection sociale, à la négociation collective ou à la formation. Il souligne aussi le potentiel du travail de plateforme en matière de création d’entreprises ou d’innovation technologique. Par ailleurs, ce sujet fera partie des priorités portées par la Présidence française du Conseil de l’UE.
Sylvie BRUNET | Mouvement Démocrate
J’ai voté en faveur de mon rapport d’initiative sur les conditions de travail, les droits et la protection sociale des travailleurs des plateformes. Ce rapport fixe les priorités du Parlement pour améliorer les conditions de travail de ces travailleurs en garantissant notamment un accès renforcé à la protection sociale, quel que soit leur statut. Il prévoit plus de transparence avec l’obligation d’une communication claire des informations essentielles liées à l’activité, mais aussi l’interdiction des clauses d’exclusivité ainsi qu’un droit de recours en cas de suspension de compte. Afin d’apporter une plus grande sécurité juridique, il préconise un renversement de la charge de la preuve afin que lors d‘un contentieux ce soit aux plateformes de prouver que leurs travailleurs sont bien indépendants. L’accès à la négociation collective pour les travailleurs des plateformes indépendants est également une priorité de ce rapport, afin de permettre un véritable dialogue social pour cette nouvelle forme d’emploi. Je suis heureuse que le Parlement ait souligné l’accès nécessaire à la formation notamment pour les travailleurs les moins qualifiés, qui doivent pouvoir bénéficier de perspectives de carrière. Enfin, nous insistons sur la gestion algorithmique qui doit être plus transparente, éthique, centrée sur l’humain, et non discriminatoire.
Valérie HAYER | Renaissance
J’ai voté en faveur de ce rapport porté par ma collègue Renaissance Sylvie Brunet qui vise à améliorer la situation des employés de plateformes, actuellement confrontés à des conditions de travail trop peu encadrées et à une protection trop faible. Ce rapport, adopté à une large majorité sur la plupart des bancs du Parlement vise ainsi entre autres choses à permettre un accès renforcé à la protection sociale, à la négociation collective et à la formation notamment pour les personnes les moins qualifiées. Nous serons attentifs à ce que la proposition de la Commission sur le sujet, attendue pour le mois de décembre, reprenne les priorités mise en avant par ma collègue dans ce rapport.
Jean-Paul GARRAUD | Rassemblement national
. – Je me suis abstenu sur ce rapport car s’il promeut une meilleure protection pour les travailleurs des plateformes dont les livreurs sont l’incarnation même des abus dans le domaine, la demande d’une initiative législative européenne pourrait porter atteinte au code du travail français. Par ailleurs, dès lors que les tribunaux nationaux requalifient peu à peu les statuts d’«autoentrepreneurs» indûment accordés par des entreprises à leurs travailleurs, redéfinissant ceux-ci comme «salariés» en vertu du principe de subordination, le projet d’une directive européenne en la matière perd tout son sens.
Virginie JORON | Rassemblement national
Depuis le début des travaux de la Commission EMPL, notre position a toujours été la même: dès lors que les tribunaux nationaux requalifient peu à peu les statuts d’«autoentrepreneurs» indûment accordés par les entreprises à leurs travailleurs, redéfinissant ceux-ci comme «salariés» en vertu du principe de subordination, et créant une jurisprudence laissant préfigurer le principe de présomption de salariat censée protéger les travailleurs, le projet d’une directive européenne en la matière perd ici tout son sens. En effet, le Royaume-Uni et la Suisse hors UE, l’Espagne France pour l’UE agissent: les tribunaux compétents au niveau national le font d’ailleurs indistinctement de la Commission européenne, en attestent les pays cités.Les discussions et le texte final laissent imaginer une immixtion dans le domaine du Code du travail.Je me suis abstenue.
Hélène LAPORTE | Rassemblement national
Ce rapport se veut être le point de départ d’une approche européenne concernant l’économie des plateformes en Europe. Partant d’une série de définitions justes et équilibrées afin d’en baliser le terrain, ce sont principalement les conditions de travail des personnes œuvrant dans ce secteur qui sont visés ici, même si d’autres éléments s’y trouvent inclus. Cependant, dès lors que les tribunaux nationaux requalifient peu à peu les statuts d’«autoentrepreneurs» indûment accordés par les entreprises à leurs travailleurs, redéfinissant ceux-ci comme «salariés» en vertu du principe de subordination, et créant une jurisprudence laissant préfigurer le principe de présomption de salariat censée protéger les travailleurs, le projet d’une directive européenne en la matière perd ici tout son sens. Même si le texte promeut une meilleure protection pour les travailleurs des plateformes, ce rapport risque de s’immiscer dans le domaine du Code du travail. Je me suis donc abstenue sur ce texte.
Aurélia BEIGNEUX | Rassemblement national
Ce rapport s’attaque à l’économie des plateformes en ligne en Europe. Ce sont principalement les conditions de travail des personnes œuvrant dans ce secteur qui sont visés ici, même si d’autres éléments s’y trouvent inclus.Rien de concret n’est véritablement sur la table, l’initiative de la Commission européenne laisse planer une incertitude politique et juridique sur ce qu’il adviendra une fois que ce rapport prendra la forme d’une directive.Les discussions et le texte final laissent imaginer une ingérence dans notre Code du Travail. La demande d’une initiative législative européenne fait poser de nombreuses questions quant aux risques encourus. Toutefois, derrière l’aspect technique, il est difficile de refuser un rapport qui promeut une meilleure protection pour les travailleurs des plateformes, dont les livreurs sont l’incarnation même des abus dans le domaine.Je me suis donc abstenue.
Mathilde ANDROUËT | Rassemblement national
Ce texte pointe assez bien les enjeux du renouvellement générationnel du métier de pêcheur. Le ton général du rapport entend reconnaître le pêcheur comme un «gardien du poisson et de la mer», et non comme un terroriste environnemental. Une attention soutenue est portée à la petite pêche artisanale, que le texte se propose d’aider par des moyens divers. J’ai voté pour.
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Dominique BILDE | Rassemblement national

– Madame la Présidente, seule la France peut décider de modifier son propre Code du travail. Voici une affirmation qui ne sera peut-être plus une vérité demain. En atteste ce rapport sur les travailleurs des plateformes.

Les conditions de travail épouvantables et la précarité des livreurs à vélo qui parcourent les rues de nos villes sont d’autant plus de signes qui montrent que la mondialisation sauvage produit une véritable jungle économique que nous devons combattre. Voici que ni une ni deux, l’Union européenne, touchée par le syndrome du sauveur, accourt à leur chevet. En vain.

En effet, comme chaque fois, le bureaucratisme bruxellois, dont la lenteur d’action n’est plus à démontrer, est là encore dépassé: l’Espagne, la France, mais surtout la Suisse et le Royaume-Uni, en dehors de l’Union, s’activent déjà pour remédier aux problèmes de faux indépendants. Nos nations le font en promulguant des décrets ou en laissant les tribunaux agir souverainement. La requalification des contrats est en cours et c’est une bonne chose. Par conséquent, ne laissons pas l’Union européenne profiter du malheur des gens pour s’immiscer dans des matières dont elle n’a pas la compétence. La France agit et doit agir davantage pour salarier ceux qui doivent l’être.

Il faut aussi en finir avec l’utilisation scandaleuse d’illégaux dans l’économie des plateformes. Nous refusons l’immigration qui provoque le dumping social. Nos emplois doivent être réservés aux nôtres avant tout. Si la mondialisation rime avec précarisation, faisons de la nation le levier qui permettra de lutter efficacement contre ces pratiques indignes.

France JAMET | Rassemblement national

À l’ère du progrès technique, les plateformes dont l’ère numérique a permis l’avènement déstructurent les institutions, déconstruisent les conventions et désintègrent les avancées sociales. Sous couvert de liberté et d’auto-entrepreneuriat, leurs promoteurs osent vanter un nouvel esclavagisme qui ne dit pas son nom.

L’État nation seul peut mettre au pas ces grands féodaux. L’État nation seul permettra à un peuple de décider comment l’économie et le progrès technologique doivent servir nos forces vives et non le contraire. L’État nation seul permettra l’exercice réel de la démocratie et de la souveraineté populaire face aux multinationales qui entendent nous imposer leurs choix mortifères. L’État nation seul permettra de se tourner vers l’avenir et non de revenir à des modèles d’exploitation d’un autre temps. L’État nation, c’est la liberté et c’est cette liberté pour laquelle nous nous battons et nous devons nous battre. C’est un combat que l’Union européenne a vraisemblablement abandonné. C’est peut-être même un combat que l’Union européenne a tout simplement refusé de livrer.

Anne SANDER | Les Républicains

– Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, depuis plus d’une dizaine d’années, nous voyons se développer une forme de travail nouvelle offrant de nombreuses opportunités économiques pour nos entreprises, nos entrepreneurs et nos emplois. Avec la pandémie que nous venons de traverser, ces emplois liés au numérique ont pris une toute autre mesure. Les travailleurs des plateformes ont ainsi permis de sauver certains restaurateurs en leur permettant de continuer à fonctionner un minimum pendant ces mois de crise sanitaire. Ces hommes et ces femmes aux profils parfois très différents se trouvent parfois dans des conditions de travail difficiles et c’est notre rôle de les protéger, de garantir qu’ils aient accès au statut juridique adéquat et aux droits qui en découlent, tout comme il nous revient d’assurer une concurrence loyale à nos entrepreneurs vis-à-vis des plateformes.

Le rapport du Parlement exprime ici la nécessité de protéger les travailleurs des plateformes, en considérant en particulier que ceux-ci sont par défaut salariés. Concrètement, en cas de conflit, ce sera donc à la plateforme de prouver que le travailleur est indépendant si elle estime que c’est le cas. Ce mécanisme viendrait donc répondre aux problèmes de qualification existants, tout en laissant une flexibilité pour les plateformes faisant travailler de véritables indépendants. Je me réjouis donc de l’adoption de ce rapport qui protège les travailleurs et laisse la possibilité d’opportunités économiques.

Leila CHAIBI | La France Insoumise

Et la définition du mot présomption est sans ambiguïté. Du latin

Si nous vous demandons d’agir, Monsieur le Commissaire, ce n’est donc pas pour forcer les indépendants à se salarier. Si nous vous pressons, c’est d’abord pour remédier à l’extrême précarité des chauffeurs VTC et des livreurs de repas en deux-roues. Mais c’est aussi, et surtout, pour l’ensemble du monde du travail: si aujourd’hui, nous permettons à Uber d’avoir des travailleurs sous ses ordres sans assumer sa responsabilité d’employeur, demain, c’est tous les salariés dont le statut sera menacé de remplacement par un faux indépendant.

Marie-Pierre VEDRENNE | Mouvement Démocrate

– Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, tout d’abord, je remercie chaleureusement Mme la rapporteure, Sylvie Brunet, pour le travail qu’elle a accompli. Le Parlement européen, avec elle, avec vous tous, chers collègues, envoie un message clair: les travailleurs des plateformes ne doivent pas être des laissés-pour-compte du droit du travail. Qu’ils aient un statut d’indépendant ou de salarié, il est temps d’être à la hauteur du modèle social européen et de garantir à tous ces travailleurs des conditions de travail décentes, une rémunération juste et équitable, ainsi que l’accès à la protection sociale.

Il y a déjà près de trois ans, les États membres ont adopté au Conseil une recommandation pour garantir à tous les travailleurs, salariés ou non, l’accès à la protection sociale. Malheureusement, malgré les engagements pris, cette recommandation est restée lettre morte. Que constatons-nous? La précarité de nombreux travailleurs des plateformes. Vous l’avez dit, Monsieur le Commissaire: à nous d’agir, de changer cet état de fait. Mais ne jetons pas l’opprobre sur les plateformes qui peuvent permettre l’entrée sur le marché du travail d’Européens qui pouvaient en être éloignés. Il nous revient, à nous législateurs, d’encadrer cette nouvelle forme de travail pour que travailler pour Uber ou Deliveroo soit synonyme d’accès aux droits sociaux, à la protection sociale et à une rémunération décente.

Cette directive à venir devra en effet non seulement offrir un ensemble de droits, comme le congé de maladie, mais également penser le travail de plateforme comme un possible tremplin vers d’autres emplois. Cela signifie que les travailleurs doivent avoir un compte formation qui leur permettra d’acquérir de nouvelles compétences et d’évoluer vers de nouveaux emplois.

Nous avons dit et répété que la transition vers un monde numérique ne doit laisser personne sur le bord du chemin. À nous de le prouver. Conditions de travail décentes, droit du travail, droits syndicaux, accès à la protection sociale, accès à la formation: autant de droits que nous devons garantir à tous, quel que soit le lien contractuel qui unit ces femmes et ces hommes à leur employeur.

Soyons à la hauteur de nos promesses et démontrons à nos concitoyens que nous nous battons pour notre modèle social, pour un modèle social qui ne soit pas réservé à une partie seulement des travailleurs européens. Tous doivent être protégés. Il s’agit d’un impératif social. Par ailleurs, qu’aurions-nous fait sans ces travailleurs de première ligne lors de la crise du COVID?

Alors, Monsieur le Commissaire, je vous sais de notre côté, faisons honneur à nos valeurs et à notre engagement pour le progrès social. La balle est maintenant dans votre camp. Le rapport de Sylvie Brunet est une excellente base, utilisons-le.

Sylvie BRUNET | Mouvement Démocrate

Le sommet social de Porto a été l’occasion d’identifier les priorités immédiates de la mise en œuvre du socle européen des droits sociaux, au titre desquels figurent ceux des travailleurs des plateformes. Je souhaite également mentionner la seconde phase des consultations des partenaires sociaux, qui se terminera mercredi. Je suis sûre qu’elle sera riche d’enseignements. Dans ce contexte, je me réjouis que la majorité des groupes politiques se soient pour l’instant retrouvés sur la nécessité d’une action européenne et sur les besoins spécifiques des travailleurs des plateformes.

Je vais prendre quelques instants pour vous préciser les priorités de mon rapport. Premier point: un accès renforcé à la protection sociale. Je souhaite que, quel que soit leur statut, les travailleurs des plateformes bénéficient d’une protection sociale minimale. Cela veut dire notamment que tous les travailleurs des plateformes devraient avoir le droit de recevoir une indemnisation en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle et bénéficier d’une protection sociale comprenant une couverture d’assurance maladie et invalidité. Nous appelons également à étendre les droits à la protection sociale aux travailleurs des plateformes indépendantes, y compris aux personnes qui passent d’un statut à un autre ou qui ont les deux statuts, afin de garantir la portabilité des droits et des prestations. Nous avons déjà un instrument européen allant dans ce sens: la recommandation du Conseil sur l’accès des travailleurs salariés et non salariés à la protection sociale. Je souhaite souligner son importance pour les États membres, lesquels doivent la mettre en place sans tarder.

Deuxième point: des conditions de travail améliorées, justes et transparentes. Les plateformes numériques de travail devraient garantir la communication des informations essentielles concernant les conditions de travail et les règles de coopération, la méthode de calcul du prix et l’attribution des tâches. Elles devraient également assurer la transparence en cas de modification des règles et avoir recours à des consultations. Il est également important que les travailleurs puissent avoir un droit de recours en cas de suspension de compte. Travailler pour plusieurs plateformes doit être aussi un droit pour eux, de même qu’avoir accès à leurs données.

Troisième élément majeur: la représentation collective. La négociation collective est un élément clé pour l’amélioration des conditions de travail de ces travailleurs. Les travailleurs des plateformes, même indépendants, doivent pouvoir s’organiser et négocier collectivement. J’appelle la Commission européenne à préciser que les conventions collectives ne relèvent pas de l’interdiction du droit de la concurrence, afin de garantir que ces travailleurs des plateformes puissent se syndiquer, être représentés et participer aux négociations collectives.

Quatrième élément: plus de sécurité juridique pour les travailleurs des plateformes et les plateformes. Cela a été un grand point de débat pour nous. Notre objectif devrait être d’aller vers plus de sécurité juridique pour les travailleurs des plateformes. Cela sera également favorable aux plateformes qui pourront se développer avec plus de clarté, mais aussi à l’économie dite traditionnelle, en garantissant des conditions de concurrence équitables. Une présomption réfragable d’une relation de travail encadrée devrait s’appliquer aux travailleurs qui contestent leur statut lors d’une procédure. Elle ne doit toutefois pas conduire à considérer automatiquement tous les travailleurs des plateformes comme des travailleurs salariés. Les travailleurs véritablement indépendants le resteront. Ce qui est également important est que nous proposons un renversement de la charge de la preuve afin que lorsqu’un travailleur de plateforme conteste son statut professionnel, ce soit à la partie dont il est allégué qu’elle est l’employeur de prouver qu’il n’existe pas de relation de travail. Enfin, soyons clairs, nous ne souhaitons pas de troisième statut pour les travailleurs des plateformes.

Cinquième élément: un lieu de travail sain et sûr. Les travailleurs des plateformes, sur site, doivent être équipés d’équipements personnels de protection adéquats et être couverts par une assurance contre les accidents lorsqu’ils travaillent dans les secteurs du transport et de la livraison. Ils doivent également pouvoir se déconnecter de la plateforme sans subir de conséquences négatives. Nous souhaitons protéger les travailleurs des plateformes et les clients contre les risques de violence et de harcèlement en mettant en place des mécanismes de signalement efficaces sur les plateformes.

Sixième élément: le développement des compétences – point très important aussi. Une formation devrait être dispensée aux travailleurs par la plateforme de travail numérique elle-même sur l’utilisation de son site ou de son application, les tâches à effectuer et la santé et la sécurité au travail. Les travailleurs des plateformes, en particulier les moins qualifiés, devraient accéder à des formations permettant d’acquérir des compétences et d’améliorer leur employabilité.

Enfin, septième élément, et non des moindres: une gestion algorithmique transparente, non discriminatoire et éthique. La gestion algorithmique a révolutionné le monde du travail. Il est clair que nous souhaitons assurer l’utilisation d’algorithmes qui soient transparents, non discriminatoires, éthiques et fiables. Pour réaliser cet objectif, il faut s’assurer que les informations principales sur les conditions de travail soient expliquées de manière intelligible. Il s’agit de paramètres de l’algorithme qui influent sur la répartition des tâches, les notations et les interactions, la procédure de désactivation et la tarification. De plus, cela paraît peut-être une évidence, mais la gestion algorithmique doit être contrôlée par des humains pour que les travailleurs puissent contester une décision via des procédures efficaces.

En conclusion, chers collègues, clarifier les droits, augmenter les protections là où elles manquent, trouver le point d’équilibre entre les avantages et les inconvénients du travail de plateforme sont, je crois, autant d’objectifs qui ont été atteints avec ce rapport. Je salue à nouveau l’annonce de l’initiative législative de la Commission européenne pour améliorer les conditions de travail des travailleurs des plateformes, prévue pour le 8 décembre. Cela représentera une brique supplémentaire pour la construction de l’Europe sociale. Nous pouvons dire que le Parlement européen y contribue de manière volontaire, avec ce rapport, et nous espérons que la Commission en prendra note lorsqu’elle finalisera sa proposition.

Monsieur le Commissaire, agissons ensemble pour adapter le cadre européen aux nouvelles réalités du monde du travail en nous assurant que les valeurs européennes soient ancrées dans l’économie numérique et afin que les possibilités offertes par les nouvelles formes de travail restent durables et équitables. Oui au «digital», mais pas au détriment des conditions de travail des travailleurs des plateformes en Europe.

Mounir SATOURI | Les Écologistes

– Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, Madame la rapporteure, chers collègues, le 6 mai 2021, Chahi, livreur, livre un repas près de Rouen, à vélo, sous la pluie. Il travaille pour Uber Eats. Chahi, sous pression, est renversé.

Ce père de famille aurait-il perdu la vie si la plateforme avait assumé ses responsabilités d’employeur? Si la plateforme avait assuré la sécurité du vélo et de son équipement? Si elle lui avait permis de travailler non pas au rabais, à la course, mais avec une garantie de salaire?

Nous, législateurs, avons une responsabilité envers Chahi et les 24 millions de personnes qui travaillent pour des plateformes numériques de ce type: celle de rendre effectif le droit du travail, des droits acquis de haute lutte, pour elles et pour eux. Je me félicite que ce Parlement s’apprête à appeler la Commission européenne à introduire une présomption de relation de travail et à renverser la charge de la preuve devant le juge.

Quand on voit que les travailleurs sont aux ordres d’algorithmes qui les mettent en compétition avec d’autres travailleurs, quand on voit qu’ils sont soumis à des pressions de temps de plus en plus fortes et à des prix dictés toujours vers le bas, nous devons imposer aux plateformes de prendre leurs responsabilités. Ce n’est pas aux travailleurs de prouver le salariat, c’est à la plateforme de s’en défendre. Oui au numérique pour le progrès social. Non à la gestion du travail par des algorithmes sans surveillance humaine et dans l’exploitation des plus vulnérables. Oui, au travail réellement indépendant, non aux salariés déguisés et à la «disproportionnalisation» des employeurs.

Derrière ce rapport, de nombreuses personnes espèrent que l’Europe va enfin freiner la libéralisation irresponsable de leur travail. Pour eux et pour les victimes comme Chahi, soyons à la hauteur.

Véronique TRILLET-LENOIR | Renaissance

– Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, cher Nicolas Schmit, je tiens tout d’abord à m’associer aux félicitations qui ont été faites et à saluer l’excellent travail de notre rapporteure et amie Sylvie Brunet. Le texte que nous nous apprêtons à voter est important pour des millions de travailleurs des plateformes, souvent des jeunes. Il propose une voie à suivre pour que la flexibilité de travail inhérente aux plateformes rime aussi avec sécurité. Il encourage à accompagner les mutations au travail sans sacrifier les avancées sociales.

Parmi les mesures proposées, je tiens à saluer l’accent mis sur la santé au travail. Les travailleurs des plateformes peuvent être exposés à des risques accrus. Il ne s’agit pas seulement d’accidents, mais aussi de leur état de santé. Alors que le monde entier était confiné du fait de la pandémie, ils ont pour la plupart continué à travailler, exposés en première ligne. La santé mentale peut être affectée par l’imprévisibilité et l’intensité de leurs conditions de travail, mais aussi par la compétition accrue entre eux.

Les règles élémentaires de santé et de sécurité au travail, qui sont un exemple concret de l’Europe sociale que nous voulons construire, doivent donc s’appliquer à tous les travailleurs européens. Une protection sociale adéquate garantissant une assurance en cas d’accident ainsi qu’une couverture maladie et invalidité doit être garantie. Certaines plateformes le font déjà et une généralisation est possible.

Il nous faut maintenant, chère Sylvie, un cadre législatif, car il ne peut y avoir de travailleurs de seconde catégorie, surtout lorsqu’il s’agit de santé.

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