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Ce soir, je suis fière de présenter mon premier rapport du Parlement européen sur cette problématique: l’impact des déchets marins sur les pêcheries, c’est-à-dire sur la pêche et sur l’aquaculture. C’est aussi une manière pour moi de fêter les 24 ans de mon premier tour du monde en solitaire, une expérience qui m’a appris que l’on pouvait avoir des rêves plus grands que soi, comme le fait de vouloir sauver l’océan, notre bien commun.
Disons-le, l’enjeu est colossal, car celui des déchets s’ajoute à celui du climat. De quoi parle-t-on? Huit millions de tonnes de plastique finissent chaque année dans l’océan. Cela va des micro, voire des nanoparticules de plastique aux containers perdus en mer. On parle de 5 000 milliards de microparticules de plastique dispersées en mer. Un million d’animaux marins seraient impactés. Parmi ces déchets, 80 % viennent de la Terre, dont les eaux charrient déjà les pollutions chimiques. Les déchets en surface ne représentent que 1 % des déchets marins. Le reste se disperse, se fragmente, au gré des courants, dans la colonne d’eau, et jusqu’à 10 000 mètres de profondeur dans les grandes fosses océaniques.
Ainsi, le milieu est touché, de même que la ressource halieutique, mais aussi l’activité des pêcheurs et des aquaculteurs, car il faut gérer ces déchets remontés dans les filets ou ceux qui s’enchevêtrent dans les hélices. Imaginez un peu un agriculteur labourant son champ et qui, à chaque coup de bêche, ramènerait à la surface une poignée de déchets. L’impact économique représenterait de 1 à 5 % des profits du secteur. C’est énorme!
Ici, je tiens à souligner malgré tout un paradoxe. Il y a un chiffre dont on est sûr: sur les plages, 27 % des déchets contenant du plastique proviennent bien des engins de pêche ou de l’aquaculture. Ils peuvent s’être échoués à la suite de tempêtes, d’épisodes de mauvais temps, mais on sait aussi que des filets perdus ou provenant d’activités de pêche illégale continuent de pêcher à la dérive. Mais il m’a été impossible jusqu’ici, en plénière, d’ajouter cette information dans mon rapport, comme si cette pollution n’existait pas. C’est un peu un goût amer de voir qu’au sein de cette institution, nous manquons parfois de bon sens.
Alors, quid des solutions? Elles doivent être systémiques parce que la problématique est systémique, c’est-à-dire qu’elles doivent être développées en partie en mer, mais aussi en grande partie à terre. En voici quelques-unes: tout d’abord, renforcer la connaissance, en particulier sur les effets des nano et des microparticules de plastique sur les écosystèmes, sur la ressource halieutique, mais aussi sur la santé humaine. Deuxièmement, intégrer beaucoup plus le lien entre la Terre et la mer dans les politiques européennes, et notamment dans la gestion des déchets et la gestion de l’eau. Troisièmement, accélérer l’économie circulaire dans le secteur de la pêche et mettre en place le marquage des engins de pêche afin de pouvoir les tracer; simplifier les matériaux et développer des matériaux biosourcés; élargir la directive sur les plastiques à usage unique au polystyrène expansé, qui est très intéressant, mais que l’on trouve en grande partie dans les mers, et puis rendre plus attractif pour les pêcheurs le fait de ramener des déchets marins dans les ports. Enfin, il faut lancer un plan d’action très large pour contrer les déchets sauvages et les collecter dans les zones d’accumulation, en partie dans les cours d’eau et les fleuves.
Pour conclure, Madame la Présidente, vous me permettrez de faire une proposition ici, au Parlement européen et à la Commission: celle de développer, comme on le voit déjà un petit peu, une plaque à côté des égouts avec une inscription, «Ne jetez rien: la mer commence ici»... au Parlement européen ou à la Commission européenne, Monsieur le Commissaire.