Accord de libre-échange UE/Viêt Nam

Procédure terminée

🎯 Résumé

📌 Votes principaux

👍 Procédure d'approbation
✅️ Adopté

🇪🇺 Députés européens

401
192
40

🇫🇷 Députés français🗳 Voir le vote

25
46
2
Parmi 79 députés, 73 ont votés.
12 février 2020

📚 Sources

🗃️ Données

🚫 Aucun amendement
Nicolas BAY | Rassemblement national
. – Le Viêt Nam est le deuxième partenaire commercial de l’UE au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) après Singapour. La balance commerciale est entre 3 et 4 fois plus favorable au Viêt Nam qu’à l’UE: les importations depuis ce pays représentent 38,2 milliards d’euros, tandis que nos exportations ne valent que 11,1 milliards d’euros !En abaissant de 99 % les droits de douane sur les biens dans les deux sens, cet accord ne fera qu’accentuer ce déficit en notre défaveur. Il facilitera également les délocalisations des grandes entreprises et multinationales européennes qui chercheront à s’implanter au Viêt Nam et bénéficier de coûts de production moindres. Le résultat sera, comme toujours, une compétition déloyale accrue et une pression à la baisse sur les salaires français.Le libre-échange globalisé, qui permet à des produits de faire trois fois le tour de la planète avant d’être commercialisés, est une aberration écologique. C’est également un danger stratégique, celui de la dépendance à des sources d’approvisionnement situées à des milliers de kilomètres. L’UE poursuit sa fuite en avant, alors que l’avenir sera fait de protections, de relocalisations et d’autonomie industrielle des nations.
Dominique BILDE | Rassemblement national
Je suis farouchement opposée à l’accord de libre-échange avec le Viêt Nam, source de concurrence internationale déloyale, par exemple pour l’industrie textile (secteur fortement implanté dans ma région du Grand Est).Le Viêt Nam n’a pas, par ailleurs, entièrement réglé ses difficultés relatives à la pêche illégale et au commerce de bois illégal.
Sylvie GUILLAUME | Parti socialiste
J’ai voté contre l’accord commercial entre le Viêt Nam et l’Union européenne car le respect de l’état de droit, du climat, et des droits humains doivent primer sur toutes les considérations commerciales. Et ce n’est malheureusement pas le cas avec cet accord.
Brice HORTEFEUX | Les Républicains
Après avoir longuement réfléchi à l’opportunité de soutenir un accord de libre-échange avec le Viêt Nam, un pays communiste, j’ai conclu que les avantages de ce rapprochement l’emportaient sur ce que les Européens et les Français auraient à y perdre.En soutenant cet accord, nous prévoyons une hausse de 29 % des exportations européennes vers le Viêt Nam, un marché de 100 millions d’habitants. C’est une aubaine pour nos entreprises, nos artisans, nos agriculteurs et nos viticulteurs. C’est aussi une opportunité unique pour l’Union européenne qui met enfin un pied dans le marché asiatique et resserre ses liens avec un continent en pleine croissance.En soutenant cet accord, nous accompagnons le processus de réforme économique mais aussi sociale et environnementale du Viêt Nam, car il inclut des règles contraignantes sur les conditions de travail, le respect de l’environnement et la propriété intellectuelle.En soutenant cet accord, nous exerçons une pression sur le Viêt Nam pour qu’il améliore la condition de ses habitants de toutes confessions. Il serait naïf de penser qu’en le refusant, nous allons contribuer à l’amélioration de la situation sur place. C’est au contraire au moyen de ce levier de pression que nous pouvons contribuer au meilleur respect des droits de l’homme dans le pays.
France JAMET | Rassemblement national
J’ai voté contre ces résolutions puisque les traités de libre-échange en général sont une atteinte à la protection des territoires de l’ensemble des pays de l’Union européenne. De surcroît, en plus de présenter des risques sanitaires évidents, le Viêt Nam est un exemple parfait de concurrence déloyale pour nos entreprises.
Emmanuel MAUREL | Gauche républicaine et socialiste
Le Parlement européen s’est prononcé en faveur d’un accord de libre-échange et d’un accord de protection des investissements entre l’Union européenne et le Viêt Nam.Aucune considération n’est prise à l’égard des travailleurs européens qui devront assumer les premiers les risques de délocalisation et en particulier dans des secteurs d’activités en difficulté comme le textile ou le bois. L’Union européenne ne prend pas plus d’égards à l’endroit des travailleurs vietnamiens, des syndicalistes empêchés de défendre les droits des travailleurs, des enfants exploités, des prisonniers politiques.Le Parlement européen déclare l’urgence climatique, débat d’un «green new deal», et, avec une inconséquence coupable, continue à promouvoir un modèle de commerce basé sur un volume d’échanges et de transports en expansion. En abolissant toute protection de son marché unique vis-à-vis d’un pays où les normes de production sont bien moins respectueuses des écosystèmes, l’Union européenne ajoute l’irresponsabilité du dumping environnemental à l’hypocrisie du dumping social.Incapable de s’extraire de son unique dogme libéral, incapable de tirer la moindre leçon du vote souverain des Britanniques ou de la situation catastrophique de l’Australie, l’Union européenne s’enferre dans une impasse libre-échangiste. À rebours des aspirations des peuples européens.
Joëlle MÉLIN | Rassemblement national
J’ai voté contre cet accord de libre-échange. Il s’agit ici du plus grand accord commercial négocié avec un pays en développement, cela ne doit pas être pris à la légère. Or, même si nous reconnaissons certains points positifs dans ce rapport, notamment la reconnaissance des origines et certificats européens et la préservation des intérêts, en particulier français, il n’en demeure pas moins que cet accord aurait des effets négatifs sur notre marché: la balance commerciale serait très clairement en faveur du Viêt Nam, sans parler de la concurrence déloyale pour nos entreprises.Pour toutes ces raisons, j’ai voté contre ce texte.
Nadine MORANO | Les Républicains
J’ai voté en faveur de cet accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Viêt Nam. Ce texte est équilibré et il instaure de la réciprocité commerciale. En effet, il prévoit à terme la suppression de 99 % des droits de douane, tant pour le Viêt Nam que pour l’Union. Cela devrait favoriser la hausse de 29 % des exportations de l’Union vers cet État tiers. Par ailleurs, l’accord reconnaît 169 indications géographiques protégées (IGP) européennes et il ouvre davantage aux entreprises de l’Union l’accès aux services et aux marchés publics vietnamiens. Il inclut aussi des règles juridiquement contraignantes concernant le droit du travail, les droits de l’homme et le climat. Cet accord permettra donc à l’ensemble des parties de développer le commerce et l’emploi, tout en préservant l’environnement et en promouvant les droits de l’homme. Enfin, il ne porte préjudice à aucune filière française. C’est pourquoi je l’ai approuvé.
Anne SANDER | Les Républicains
Actuellement, le Viêt Nam est le 2e plus grand partenaire commercial de l’UE au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Cet accord de libre-échange entre l’UE et le Viêt Nam, soumis à l’approbation du Parlement européen, vise à accroître les échanges économiques entre ces deux parties du monde, tout en intégrant des normes sociales et environnementales. J’ai décidé de voter en faveur de cet accord, car il permettra la réciprocité avec un marché porteur. La France, en tant que 3e exportateur de l’UE vers le Viêt Nam, bénéficiera de cette libéralisation des échanges et assurera, pour le secteur agricole et agroalimentaire, la protection de nos indications géographiques et la création de nouveaux débouchés. Au total, ce sont près de 169 produits européens emblématiques tels que le champagne qui seront protégés. Cet accord, qui prévoit une élimination progressive des tarifs douaniers sur les produits agricoles, représente également une véritable opportunité d’exportation pour le secteur vitivinicole français dans un contexte de crise lié à l’établissement de sanctions américaines sur cette filière. En outre, je me réjouis du fait que, au-delà des bénéfices économiques, cet accord inclue des règles concernant le droit du travail, les droits de l’homme et l’action pour le climat.
Jérôme RIVIÈRE | Rassemblement national
J’ai voté contre ce texte qui conclut l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Viêt Nam. L’Union européenne, fidèle à son ultralibéralisme, impose encore à nos entreprises une concurrence qui n’est pas soumise aux mêmes règles du travail et d’écologie que les pays membres, et en particulier la France. Les doutes sur les conditions des travailleurs vietnamiens et l’impact environnemental de la production au Viêt Nam sont par ailleurs beaucoup trop grands.
Sylvie BRUNET | Mouvement Démocrate
Nous nous prononçons aujourd’hui sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Viêt Nam, qui lèvera plus de 99 % des droits de douane sur les biens échangés entre les deux partenaires. Pour tenir compte du fait que le Viêt Nam est un pays en développement, 65 % des droits de douane sur les exportations de l’Union européenne seront supprimés dès son entrée en vigueur alors que les droits restants seront levés progressivement sur dix ans. S’agissant de filières européennes sensibles, des dispositions particulières ont été prises. Ainsi, les sucres spéciaux ont été exclus du contingent de 20 000 tonnes accordé au Viêt Nam. L’accord protègera en outre 169 indications géographiques européennes de tout risque d’imitation. Enfin, il contient un chapitre sur le développement durable et comprend des engagements visant à mettre en œuvre des conventions des Nations unies portant notamment sur la lutte contre le changement climatique ou la protection de la biodiversité. En matière de droits de l’homme, les négociations ont permis d’inclure des engagements à respecter des normes fondamentales de l’OIT, telles que l’interdiction du travail des enfants ou la liberté d’adhésion à des syndicats indépendants. Pour toutes ces raisons, j’ai soutenu l’accord.
Nathalie COLIN-OESTERLÉ | Les centristes
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Viêt Nam comporte des avancées par rapport aux précédents accords de libre-échange conclus avec des pays tiers.S’il prévoit le respect des accords de Paris sur le climat et des mesures sanitaires et environnementales plus importantes, il ne prévoit pas en revanche de mesures contraignantes ni de mécanismes de sanction en cas de non-respect.Il n’intègre pas non plus les exigences que le Parlement européen a adoptées dans sa résolution sur le Green Deal au mois de janvier dernier.De plus, le Viêt Nam fait partie des pays dans lesquels la persécution des minorités, dont les chrétiens, est la plus importante au monde avec des lois récentes réduisant davantage encore la liberté religieuse.J’ai donc choisi de m’abstenir sur ce texte.
Valérie HAYER | Renaissance
J’ai voté en faveur de la ratification de cet accord de libre-échange car je crois essentiel de renforcer la coopération que l’Union européenne entretient avec le Viêt Nam. Le Viêt Nam est le deuxième partenaire commercial de l’UE dans la zone Asie du Sud-Est – et les échanges entre les deux pays ne font que croître. Ce vote n’est en rien un blanc-seing donné à ce pays. De nombreuses dispositions visent à l’application ferme des engagements pris par le gouvernement vietnamien dans le cadre de la Convention de l’ONU (changement climatique, protection de la diversité), de diverses conventions de l’Organisation internationale du travail (droit des travailleurs) ou dans le cadre de réformes nationales. Par ailleurs, cet accord protègera 169 indications géographiques européennes (sur des produits alimentaires et des boissons) contre le risque d’imitation sur le marché vietnamien. Ainsi, je crois fermement qu’en ratifiant ce texte, l’Europe possède un levier efficace pour défendre ses valeurs et permettre une amélioration des standards démocratiques, sociaux et environnementaux au Viêt Nam.
Agnès EVREN | Les Républicains
Bien que ces accords ne soient pas parfaits, j’ai approuvé la ratification des deux accords commerciaux entre l'UE et le Viêt Nam (libre-échange et protection des investissements). Lors de leur négociation, le Viêt Nam a réalisé des efforts significatifs et fait preuve de bonne volonté, notamment en matière de droit du travail, par la ratification de six conventions de l’Organisation internationale du travail. Ces accords ont une valeur économique réelle tant pour l’Union européenne que pour le Viêt Nam. Ils constituent des opportunités d’accès aux marchés vietnamiens pour les exportateurs, les PME et les investisseurs européens et placeront le Viêt Nam sur le chemin de la croissance inclusive. Par le biais de ces accords, l’UE pourra davantage promouvoir et protéger les normes européennes en matière économique, commerciale et environnementale. Il sera important, et nous resterons vigilants, de maintenir un dialogue actif sur les droits de l’homme avec l'assemblée parlementaire vietnamienne et de contrôler la mise en œuvre du chapitre sur le développement durable, qui comprend des dispositions sur les critères environnementaux et sociaux. Ces critères devront être respectés par le Viêt Nam comme condition à l’application de l’accord.
Jean-Paul GARRAUD | Rassemblement national
J’ai voté contre cet accord de libre-échange avec le Viêt Nam, car:- il crée une concurrence déloyale pour les entreprises européennes qui ne produisent pas dans les même conditions environnementales et sociales;- il y a un risque de délocalisation et de perte d’emplois;- plusieurs cas de commerce de bois illégal et de pêche illégale au Viêt Nam ont été rapportés. Par le biais de cet accord, l’UE cautionne ces pratiques;- les systèmes de certification et de contrôle n’ont pas le même niveau d’exigence dans l’UE et au Viêt Nam et cela risque de poser des problèmes pour les consommateurs européens;- de graves atteintes aux droits de l’homme et aux droits sociaux ont lieu au Viêt Nam.
Julie LECHANTEUX | Rassemblement national
Contre l’accord de libre-échange avec le Viêt Nam qui creusera encore plus la balance commerciale fortement défavorable à l’UE.
Catherine GRISET | Rassemblement national
Nous allons signer un énième accord commercial avec un État pour la première fois en développement et à la politique intérieure critiquable, au moment où les questions écologiques sont plus présentes que jamais. Or, le libre-échange est la négation de l’écologie, par son abolition de la distance et des frontières, sa pollution, sa démesure, ses multiples dumpings, son moins-disant environnemental, son abaissement des normes, etc. Enfin, c’est un accord où l’idéologie prime puisque l’Europe n’aura rien à y gagner économiquement vu l’état des balances commerciales respectives.
Hélène LAPORTE | Rassemblement national
Il s’agit d’un accord en deux parties: l’accord de libre-échange (ALE) et l’accord d’investissement (AI) concernant le plus grand accord commercial négocié avec un pays en développement. Le Viêt Nam a une position géographique stratégique, entre la Chine au nord, et les autres pays de l’Asie du Sud-Est. L’accord de protection des investissements comporte un système de règlement des différends ICS (Investment Court System) calqué sur celui du CETA. Il ne s’agit plus de tribunaux d’arbitrage privés (ISDS - Investment State Dispute System) mais d’un système de juges indépendants. Je peux me féliciter dans cet accord de la reconnaissance des origines et certificats européens qui peuvent simplifier les démarches administratives de nos entreprises et des intérêts préservés d’un grand nombre d’investisseurs européens et français. En revanche, j’ai relevé des points négatifs: la balance commerciale est entre 3 et 4 fois plus favorable au Viêt Nam, les coûts de production au Viêt Nam créent une concurrence déloyale pour nos entreprises et l’impact écologique de la production au Viêt Nam. J’ai décidé de voter contre, car les traités de libre-échange constituent une atteinte à la protection des territoires de l’ensemble des pays de l’UE et les résolutions proposées demeurent vagues ou incomplètes.
🚫 Aucune explication de vote
Dominique BILDE | Rassemblement national

Sans discernement dans l’octroi des préférences généralisées, dont le Viêt Nam bénéficie, elle aura été tout aussi inepte dans les négociations commerciales. Les échanges avec ce pays devaient pourtant la placer en position de force. Il n’en est rien. Un exemple cocasse le démontre: alors que l’Union européenne reconnaît 39 IGP vietnamiennes, le Viêt Nam n’en reconnaîtrait que 36 françaises, dont le champagne – avec une période transitoire de dix ans!

L’accord n’est évidemment pas une bonne nouvelle en matière de droits de l’homme. Outre la liberté syndicale, en 2012, 1,75 million de Vietnamiens âgés de 5 à 17 ans étaient toujours concernés par le travail des enfants. Quant à nos industries – notamment le textile, historiquement implanté dans le Grand Est – elles paieront par une nouvelle saignée cette course au moins-disant social, les salaires vietnamiens plafonnant à 59 % des salaires chinois, ce qui explique vraisemblablement l’empressement déployé pour conclure cet accord.

Yannick JADOT | Les Écologistes

– Madame la Présidente, chers collègues, que n’avons-nous pas entendu pendant la campagne électorale des européennes, partout en Europe? C’en était fini des accords de libre-échange qui donnent des droits aux multinationales contre les États, contre les législations environnementales, contre les législations de protection de la santé ou des droits sociaux. C’en était fini de ces accords de libre-échange qui participent au dérèglement climatique, notamment à travers la déforestation. C’en était fini des accords de libre-échange qui attaquent la biodiversité, par exemple à travers la pêche illégale. C’en était fini de ces accords de libre-échange contraires à la démocratie, aux libertés individuelles.

Et là, le premier accord arrive et tous ces groupes, les sociaux-démocrates, Bernd Lange, les libéraux et En marche, les conservateurs: vous allez tous voter un accord de libre-échange contraire aux déclarations et aux engagements de la Commission européenne sur le pacte vert, sur les valeurs de l’Europe et sur une mondialisation régulée.

Comme par hasard, nous avons ce débat après un débat sur le Brexit. Mais n’avez-vous pas compris aussi que le Brexit a été voté parce que nous abandonnons les classes populaires ici pour aller les exploiter dans des conditions abominables sans liberté, sans droits sociaux, de l’autre côté de la planète?

Alors, chers collègues, un peu de décence vis-à-vis des Vietnamiens, un peu de décence vis-à-vis de vos électeurs. Rejetez cet accord de libre-échange qui n’est en rien compatible avec les valeurs de l’Europe.

Gilles LEBRETON | Rassemblement national

– Madame la Présidente, j’ai voté contre le projet d’accord de libre-échange avec le Viêt Nam, car j’estime qu’il va avoir des conséquences négatives sur notre économie et sur nos emplois.

Le Viêt Nam nous inonde en effet déjà de ses produits à bas coût, comme le prouve le déficit commercial de l’Union européenne, qui s’établissait par rapport à lui à 27 milliards d’euros en 2018. La quasi-suppression des droits de douane que prévoit l’accord va inévitablement aggraver ce déficit. Elle encouragera en outre nos entreprises à se délocaliser vers ce pays. Le Viêt Nam est par ailleurs une dictature communiste qui ne respecte ni les droits de l’homme, ni l’environnement; il est donc hypocrite de prétendre que cet accord va miraculeusement le rendre exemplaire.

Force est en définitive de conclure que l’Union européenne a une fois de plus trahi les valeurs qu’elle prétend défendre.

Emmanuel MAUREL | Gauche républicaine et socialiste

Vous, vous pensez – c’est un peu la pensée magique – qu’un accord de libre-échange, ça règle forcément tous les problèmes. Or non, ce n’est pas vrai. D’abord, je ne partage pas l’optimisme de la Commission, qui dit que c’est un accord gagnant-gagnant. Non! Aujourd’hui, le déficit de la balance commerciale de l’Union par rapport au Viêt Nam représente 30 milliards. Dans l’étude d’impact de la Commission, on nous dit que d’ici 10 ans, ce sera 40 milliards. Et qui va payer? Sans aucun doute, un certain nombre de salariés européens dans les secteurs les plus vulnérables, par exemple le textile. Alors, pour faire du Viêt Nam une sorte de grand atelier du monde, le risque, c’est quand même des délocalisations.

On nous dit que les salariés vietnamiens vont y gagner parce qu’ils vont adopter les normes de l’OIT, mais enfin, on a des exemples! Regardez la Corée du Sud: on nous avait fait des promesses qui n’ont jamais été tenues.

Donc moi, je crois que vous faites preuve soit d’une grande naïveté, soit d’une vraie hypocrisie, une hypocrisie sur les droits de l’homme, parce que franchement, on ne peut pas dire aujourd’hui que le gouvernement vietnamien ait répondu à nos attentes. C’est même tout le contraire: au dernier classement sur la liberté de la presse, le Viêt Nam arrive 176e sur 180 pays dans le monde.

Mais surtout, je renvoie la Commission à cet incroyable double langage: on vote l’état d’urgence climatique, on vote le pacte vert européen et en même temps on passe,

Manon AUBRY | La France Insoumise

– Madame la Présidente, chers collègues, bravo, vous venez de voter un accord de libre-échange avec le Viêt Nam qui piétine l’environnement et les droits humains, dans le seul but de contenter les lobbies qui vous ont abreuvés par ailleurs de champagne.

Vous êtes directement responsables d’une catastrophe écologique qui va accroître de 20 à 30 % les transports de biens entre l’Union européenne et le Viêt Nam, accélérer la déforestation, aggraver le développement d’industries polluantes comme le cuir et l’acier. Mais parler de pacte vert avec des trémolos dans la voix ne vous empêche absolument pas de voter un tel accord, climaticide. Vous êtes directement responsables d’un scandale social qui vise à profiter d’une main-d’œuvre exploitée, prise entre le marteau du capitalisme globalisé et l’enclume de l’autoritarisme. Avec en plus un État qui ferme les yeux sur le travail forcé, interdit les syndicats et emprisonne les opposants politiques à tour de bras.

Les ONG vous ont alertés, vous ne pouviez pas ignorer l’impact écologique et social désastreux de cet accord. Si vous ne le saviez pas, vous êtes coupables de suivisme. Et si vous le saviez, c’est pire encore: vous êtes coupables de cynisme.

François-Xavier BELLAMY | Les Républicains

– Madame la Présidente, chers collègues, le vote de cet accord a été une question infiniment difficile. Toutes les objections qui viennent d’être évoquées ici ont un sens, bien sûr, et en particulier celles qui concernent l’état des droits de l’homme, très préoccupant, au Viêt Nam.

Cependant, nous ne partons pas de rien, nous ne partons pas d’une situation inexistante. Nous échangeons déjà aujourd’hui avec le Viêt Nam, qui est un partenaire commercial majeur de l’Union européenne – très largement au bénéfice du Viêt Nam, excédentaire commercialement par rapport à nous.

La vraie question qui nous est posée est donc: faut-il maintenir cet état de fait, ou faut-il tenter d’arrimer le Viêt Nam en le tirant de notre côté pour lui faire adopter, ce qui a été le cas, des objectifs en matière écologique, des objectifs en matière de droits humains et, bien sûr, aussi, en le faisant commercer avec nous, selon des règles qui nous ouvrent ses marchés avec une véritable exigence de réciprocité?

Il me semble que cet accord nous permet d’aller dans le bon sens sur ce plan-là, et si nous ne l’avions pas signé, nous aurions risqué de laisser le Viêt Nam partir vers son grand voisin, la Chine. Est-ce vraiment le monde que nous voulons? L’Europe doit-elle renoncer à agir? Je ne le crois pas.

Manuel BOMPARD | La France Insoumise

– Madame la Présidente, mes chers collègues, notre Parlement vient d’adopter, pour la première fois depuis l’investiture de la Commission von der Leyen, un accord de libre-échange, celui avec le Viêt Nam.

Cet accord est néfaste pour la démocratie, les travailleurs et l’environnement. Néfaste pour la démocratie, parce que cet accord avec un régime autoritaire et répressif consacre le triomphe des tribunaux d’arbitrage qui privilégient systématiquement les multinationales et les actionnaires aux dépens des peuples. Néfaste pour les travailleurs européens – ce sont notamment les deux millions de travailleurs du textile qui subiront de plein fouet le dumping social – et vietnamiens – parce que cet accord renforcera leur exploitation par des multinationales et un gouvernement qui n’ont que faire des conventions de l’OIT, de la liberté syndicale et du droit de grève. Néfaste pour l’environnement, enfin, parce que cet accord ne prévoit aucun mécanisme permettant de s’assurer du respect des objectifs fixés par les accords internationaux sur l’environnement. Sans parler de la hausse des émissions de gaz à effet de serre qui résultera de l’intensification de ces échanges.

C’est pourquoi je rejette avec force ce mauvais accord.

Hervé JUVIN | Rassemblement national

– Madame la Présidente, chers collègues, nous ne voterons pas un traité dont nous estimons qu’il n’est pas bon pour l’Union européenne, qu’il n’est pas bon pour la France et qu’il n’est pas bon pour le Viêt Nam.

Depuis des années, nous dénonçons l’aberration écologique des

Voilà pourquoi nous ne signerons pas ce traité, parce que nous pensons que le XXIe siècle tourne la page du libre-échange et de la globalisation. Nous considérons que le XXIe siècle va être celui des relocalisations, de la poursuite de l’autonomie industrielle des nations, conscientes des exigences de leur indépendance. Par-dessus tout, nous considérons que le XXIe siècle va être le siècle du patriotisme économique.

Nous souhaitons que le Viet Nam, comme l’Union européenne, travaille à son indépendance et à ses libertés stratégiques.

Pierre KARLESKIND | Renaissance

– Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, chers collègues, je voudrais rejoindre notre collègue Bartolo, qui était rapporteur pour la commission PECH, sur la nécessité de lutter contre la pêche illégale.

Lutter contre la pêche illégale, c’est évidemment assurer une gestion durable des ressources halieutiques, c’est aussi s’assurer d’éviter la concurrence déloyale avec les pêcheurs qui sont soumis aux contraintes que nous avons sur notre continent.

Le Viêt Nam a un carton jaune sur la pêche illégale, mais il faut souligner les efforts qui ont été entrepris par ce pays, notamment dans le cadre des négociations qui aboutissent aujourd’hui à cet accord de libre-échange. Il faut aussi noter que dans cet accord, il est mentionné explicitement que les partis qui signent l’accord lutteront activement contre cette pêche illicite.

Alors est-ce suffisant? Eh bien, si ce n’est pas suffisant, allons plus loin. Allons plus loin et mettons en place des garde-fous, comme la suppression des tarifs préférentiels pour les produits de la pêche tant que, à l’avenir, il y aura carton jaune. C’est le sens de l’amendement que Renew a déposé et que je vous invite à soutenir.

Marie-Pierre VEDRENNE | Mouvement Démocrate

– Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, chers collègues, le Viêt Nam est notre deuxième partenaire économique en Asie du Sud-Est et l’Union européenne attend de nombreux bénéfices de cet accord commercial. Oui, cet accord permettra de protéger 169 indications géographiques, dont 36 AOP françaises. Nos entreprises pourront exporter de nombreux produits sans droits de douane. Nous bénéficierons d’un meilleur accès aux marchés publics. Autant de points offensifs obtenus dans ces négociations.

Mais la situation des droits de l’homme reste préoccupante. De nombreux prisonniers politiques et journalistes sont toujours détenus, malgré les demandes répétées de libération de l’Union européenne.

Si des progrès ont été réalisés avec les ratifications de conventions internationales, nous devons être intransigeants sur le respect du chapitre sur le développement durable. Notre politique commerciale doit être guidée par nos valeurs et le respect des droits de l’homme, mais la ratification de cet accord, chers collègues, n’est pas une fin en soi. La clé de la réussite résidera dans le succès de sa mise en œuvre, tout cela dans un contexte international synonyme de guerre commerciale.

Raphaël GLUCKSMANN | Place publique

– Madame la Présidente, chers collègues, nous avons décrété l’état d’urgence climatique, nous avons voté le pacte vert il y a tout juste un mois de cela et demain, on nous demande quoi? On nous demande de voter un accord de libre-échange de plus, comme si de rien n’était.

Cet accord, contrairement à nos promesses écrites noir sur blanc dans la résolution sur le pacte vert européen, ne comprend aucun mécanisme contraignant concernant le chapitre «Développement durable». Alors la question qui se pose à nous est simple: accordons-nous le moindre prix à nos paroles, à nos propres paroles?

Chers collègues, le Viêt Nam enferme les activistes écologistes, les syndicalistes, les défenseurs des droits humains. L’un d’entre eux, Pham Chi Dung, a été arrêté précisément parce qu’il nous a écrit une lettre pour nous demander de ne pas signer l’accord en l’état. Si vous n’accordez aucun prix à vos propres paroles, ayez la décence d’accorder du prix à ses paroles à lui. Ne validez pas l’accord tant qu’il est en prison pour nous avoir parlé.

Chers collègues, il y a quelque chose au-dessus du dieu Commerce. Il y a notre avenir à tous, il y a nos principes. Eh bien demain, c’est l’occasion de le démontrer.

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